Cette difficulté levée, l'armée de Votre Majesté serait éparpillée en 5 corps différents et Sa bonne Silésie abandonnée à la défense de 15,000 hommes. Je remarque encore que, tout le but de la guerre de l'Autriche étant la reconquête de la Silésie, ce plan pourrait le leur faciliter.
2.
Quant à ce second article, comme c'est, à peu de chose près, la même manœuvre, je m'en rapporte à ma réponse précédente.
3.
Mes réflexions sur cet article seront comprises dans ce que je dirai sur l'article suivant.
4.
Soit que les Français marchent et se joignent à un corps d'armée de l'Empire, selon l'idée de l'article 1er1 et que Browne voulût les joindre avec 30,000 hommes, selon article 2, ou que les desseins de la cour de Vienne [sont et qu'elle s'] est résolue de faire agir ses armées en Bohême, selon l'article 4ième : quel que puisse être le cas, il me semble ne pas convenir à la gloire ni à l'intérêt de Votre Majesté de nous régler sur leurs idées, mais de former et d'exécuter un plan d'opération qui pût déranger tous les beaux plans qu'on aura forgés à Vienne, soit avec la France ou avec ses autres alliés, et je serais fort du sentiment que Votre Majesté entrât le plus tôt possible avec un corps considérable de Son côté en Bohême; mais dès le commencement pas plus en avant qu'à Aussig, parceque, dès qu'Elle prendrait à droite, Elle aurait bien de la difficulté à faire suivre Ses magasins par terre; et Elle tiendrait dans les postes d'Aussig également le maréchal Browne en échec, qui accourrait en diligence, avec tout ce qu'il pourra ramasser en force dans son ancien poste derrière l'Eger, pour couvrir de là Prague et ses magasins qu'il a derrière et à côté de lui.
En faisant mine de vouloir marcher vers Eger,1 Votre Majesté S'éloignerait de l'Elbe, et je ne sais si l'ennemi ne pourrait profiter de cette démarche et tomber en Saxe par les grands chemins vers Dresde. Ce qui pourrait étrangement déranger Votre Majesté, si l'ennemi Lui enlevait un de Ses convois de vivres. Mais, Sire, Vous tenant clos et ferme à Aussig, je me sens charmé de ce que je me rencontre avec l'avis de Votre Majesté sur toutes les opérations qui me regardent et le corps de la Lusace, qui se mettrait en mouvement quelques jours avant, et en même temps avec moi, que Votre Majesté marche vers Aussig, pour arriver, s'entend un détachement du corps de la Lusace, à Tetschen au même instant que Votre Majesté arrive ou marche de l'autre côté de l'Elbe à la même hauteur.
Pour ce qui regarde le reste de cette besogne, qui est ma tâche, j'aurai l'honneur de Lui communiquer mes idées, dès que j'aurai tout concerté avec le lieutenant-général Winterfeldt, auquel j'en ai fait l'ouverture, qui connaissant mieux que moi le pays, j'ai été bien aise de le consulter, le connaissant homme d'expéditions et capable de secrets; et, en attendant son avis, je souhaiterais que Votre Majesté voulût nous envoyer un homme de Sa confiance également capable de secrets et instruit de Ses idées, avec lequel nous puissions nous concerter du côté de Reichenbach2 et convenir du jour et de l'exécution de notre dessein.
Dès que le poste de Tetschen est occupé, Votre Majesté aura la commodité de faire venir tous Ses besoins par l'Elbe jusqu'à Aussig, et, à mesure que j'avancerai et le corps de la Lusace plus avant, en situation de pouvoir longer l'Elbe, nous trouverons moyen de part et d'autre de nous maintenir et nourrir avec bien moins de frais que s'il fallait faire suivre tous nos vivres, fourrages et autres néces-
1 Vergl. S. 393- 394.
2 Dis Zusammenkunft zwischen Schwerin, Winterfeldt und dem vom Könige abgesandten Generalmajor von Goltz fand in Frankenstein statt. Vergl. Nr. 8795.