8806. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.
Lockwitz, 2 avril 1757.
J'ai reçu l'ordinaire dernier votre rapport du 25 mars,1 sur lequel je suis bien aise de vous dire que c'est par une bonne lettre de Paris que j'apprends que le ministère de France paraissait extrêmement variable encore dans son système, ou qu'il n'en avait, pour mieux dire, aucun; qu'il n'y avait eu rien de plus certain que l'expédition au Rhin, que, cependant, le 14 de mars le comte Starhemberg ayant reçu un exprès de Vienne, l'on ne parlait depuis son arrivée que de contreordre pour la marche de l'armée, et qu'on assurait positivement que le prince de Soubise seul partirait à la tête de 14,000 hommes pour se rendre à Maaseyk, où il attendrait des ordres ultérieurs pour joindre un corps de 6,000 hommes de Würtemberg2 et ensuite un autre de 4,000 de Bavière, et que ce corps réuni se rendrait en Bohême pour exécuter ainsi à la lettre le traité de Versailles.3
Que ce bruit était général et paraissait fondé sur le traité de subsides renouvelé avec la cour de Stuttgart, ainsi que sur un autre qu'on venait de conclure avec la Bavière;4 sur l'impression qu'avaient faite les nouvelles reçues de Bonn concernant les mesures que j'avais prises à l'égard de Clèves et de Gueldre;5 sur le peu de vraisemblance de pouvoir engager le roi d'Angleterre à accepter la neutralité aux conditions qu'on lui avait offertes,6 et sur la crainte de la cour de Vienne que la guerre ne devînt générale et par conséquent plus pernicieuse pour elle; enfin, sur le peu d'apparence qu'il y avait de pouvoir engager la Suède à certaines démarches vigoureuses,7 et sur le peu de confiance qu'on avait dans les assurances que la cour de Danemark avait données.
Que le comte d'Estrées8 était arrivé le 18 à Paris, et [que] le rapport qu'il avait fait au Roi, au lieu d'accélérer l'expédition, semblait l'avoir retardée davantage; qu'enfin l'enthousiasme que la nouvelle alliance avait causé, commençait à diminuer beaucoup, qu'on craignait de s'embarquer dans une guerre ruineuse en elle-même et dangereuse par les suites, le crédit diminuant outre cela toujours, tandis que les troubles intérieurs subsistaient,9 et qu'en poursuivant une guerre de pique, l'on perdait de vue les affaires maritimes, qui demandaient seules les forces réunies de la France.
1 Dem Erlass liegt folgende eigenhändige Weisung, in dorso des Hellen'schen Berichts vom 25. März, zu Grunde: „Die letzte Nachrichten von Frankreich communiciret und dabei nicht das Object der Augmentation ausser Augen zu lassen. Friderich.“ Gemeint ist die projectirte Vermehrung der staatischen Landtruppen. Vergl. S. 306.
2 Vergl. Nr. 8799.
3 Vergl. S. 119.
4 Die Convention zwischen Frankreich und Baiern wurde am 29. März, die mit Württemberg am 30. März 1757 unterzeichnet. Vergl. die erstere in: Murhard-Martens, Nouveau suppl. au recueil des traités. (1839.) II, 613; die zweite in: Schäfer, Siebenjähriger Krieg I, 269. 270.
5 Vergl. S. 201. 250. 454. 462.
6 Vergl. S. 279. 292.
7 Vergl. S. 384. 385.
8 Vergl. S. 418. 432.
9 Vergl. S. 204.