<65>

Examinons à présent ce qu'il convient de faire pour s'opposer aux projets que les Français forment.

Comme les Français croient que l'on ignore leur dessein sur Wésel, il semble que ce soit le jeu des alliés d'affecter la plus grande ignorance sur cette expédition et de colorer toutes les démarches qu'il convient de prendre pour s'y opposer, sous différents prétextes plausibles et capables de leur faire croire que l'on ignore leurs desseins.

Il semble que l'endroit le plus convenable pour l'assemblée de l'armée alliée serait à Hameln. On pourrait faire courir le bruit facilement que c'est à intention de couvrir la Wéser et la faire cantonner de ces côtés. De là elle aurait environ 24 milles d'Allemagne à faire1 pour gagner les bords du Rhin. Mais avant de la faire marcher, ce serait un préalable d'établir des magasins de farine et de fourrages vers les lieux où elle doit séjourner. L'on croit que les endroits les plus convenables seraient Wésel pour le fourrage et la farine, à Dortmund et à Hameln pour de simples dépôts de farine.2 Ces mesures doivent être prises dès le moment présent, ou il n'en sera plus temps; et en payant même le double en argent, il sera difficile de rassembler la quantité de vivres dont on aura besoin, si l'on ne s'y prend pas de bonne heure.3

Quant à la véritable opération de l'armée, l'on croit que, dès que l'on saura l'endroit que les Français ont déterminé pour l'assemblée de leur armée, et le jour fixé pour leur départ, sur ces avis le général qui commandera l'armée des alliés, pourra se mettre en marche, pour gagner les bords du Rhin quelques jours avant l'armée française. Il4 pourra continuer à cantonner jusqu'à Lippstadt, où il paraît à propos qu'il campe en rang de bandière. De là il doit diriger sa marche sur celle des Français, à savoir, s'ils viennent de Metz, il doit se porter sur Angerort dans le pays de Cologne, où il lui convient de choisir un camp d'une assiette forte. Si, au contraire, les Français partent de Visé, l'armée alliée fera mieux de se camper entre Rheinberg et Dinslaken, de ce côté-ci du Rhin.

Ces deux camps peuvent avec la même commodité tirer leurs vivres de Wésel sur le Rhin. L'on ne propose point de passer ce fleuve, à cause que ce serait trop risquer, à moins que les Hollandais ne se déclarassent, auquel cas il y aurait d'autres projets à faire; mais tant que l'on n'est pas assuré de leur secours, il paraît que ce serait trop hasarder que de passer le Rhin, d'autant plus que les frontières françaises en sont encore très éloignées.

Les positions de l'armée que l'on propose, couvrent certainement la ville de Wésel, et supposé que les Français passassent le Rhin à Düsseldorf ou ailleurs, il n'est pas apparent qu'ils prêtassent le flanc à



1 Erster Entwurf: „marcher“ .

2 Erster Entwurf: „,à Dortmund et à Hameln outre cela un dépôt de farine.“

3 „Si l'on ne s'y prend pas de bonne heure“ fehlt im ersten Entwurf.

4 Erster Entwurf: „qu'il“ .