<71> forces que la cour de Vienne, aidée aussi fortement par la France, assemblera en Bohême, tomberont sur le Roi.

Je suis, au reste, avec ces sentiments de respect et de considération que vous me connaissez, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Eichel.

Il vient1 de m'être confirmé que la cour de Vienne vient d'insister sur la prestation actuelle du corps auxiliaire,2 pour garantir la Bohême des entreprises que le roi de Prusse pourrait former cette année, dans la vue de prendre ses quartiers d'hiver dans cette province. L'on prétend que le comte de Starhemberg, aidé du comte de Bernis, se donne les plus grands mouvements pour faire passer en résolution les promesses qui lui ont été faites à ce sujet, et dont l'accomplissement paraît tenir extrêmement à cœur à l'Impératrice-Reine. Cependant, malgré tous les efforts que la faction autrichienne fait pour cet effet, l'on persiste à vouloir attendre les dépêches qu'on espère de recevoir incessamment du comte d'Estrées,3 auparavant de prendre une résolution definitive sur ce point. Mais comme l'on cherche à tranquilliser le comte de Starhemberg et à vouloir le convaincre qu'on travaille de bonne foi à tous les préparatifs nécessaires pour la marche du corps auxiliaire, les comités militaires qui se tiennent à la cour, deviennent journellement plus fréquents, et l'on remarque avec surprise que l'abbé de Bernis y est régulièrement appelé, quoique l'objet de ces conférences soit si éloigné de sa profession et si opposé aux connaissances qu'il peut avoir. Le temps de la marche du corps auxiliaire continue donc toujours à rester indécis, et les colonels ne savent pas encore quand ils joindront leur corps; mais l'on a fait différentes dispositions qui paraissent indiquer que le ministère la croit très prochaine et qu'elle aura certainement lieu cet hiver. On a expédié hier un ordre pour faire, le plus promptement qu'il sera possible, 24,000 gilets, pour lesquels on a fait un marché avec différents entrepreneurs. Le prince de Soubise fait travailler aussi à force à ses équipages, ainsi que le prince de Condé, qui a demandé la permission de faire la campagne en qualité de volontaire. L'on soupçonne généralement que la cour de France est enfin déterminée à céder aux instances de celle de Vienne, et il passe pour constant que les derniers ordres pour la marche du corps auxiliaire seront expédiés à l'arrivée du premier courrier du comte d'Estrées qu'on attend avec impatience. Je viens d'apprendre de fort bon lieu qu'il a paru ces jours passés un émissaire du Prétendant à la cour qui a eu différentes conférences avec le duc de Belle-Isle et autres membres du Conseil, qui font soupçonner qu'on pourrait bien avoir repris le projet d'une diversion contre les îles britanniques,4 d'autant



1 Nach dem Immediatbericht Knyphausen's, d. d. Paris 12. November.

2 Vergl. S. 62.

3 Vergl. S. 39. 62. -

4 Vergl. Bd. XII, 508; XIII, 609.