38 bataillons et 30 escadrons étaient distribués dans ces différents endroits, 29 bataillons et 70 escadrons furent destinés pour la Bohême. Ils y entrèrent par détachements, se portèrent sur Peterswalde, Aussig et Johnsdorf. M. le maréchal Keith en eut le commandement. Il envoya le général Manstein, qui se rendit maître du château de Tetschen et y fit 100 Autrichiens prisonniers, le Maréchal se campa à Johnsdorf et y demeura jusqu'à la fin du mois.
Jusqu'à ce temps, M. de Browne s'était resserré dans son camp de Kolin, M. de Piccolomini campait à Kœniggraetz, et M. le maréchal de Schwerin, ayant débouché par le comté de Glatz, s'était porté sur Nachod, ensuite sur les bords de la Metau, enfin sur Aujezd, où il défit un détachement de hussards et de dragons, commandés par le général Buccow, et fit 200 prisonniers. M. le Maréchal prit ensuite le camp d'Aujezd et fourragea jusque sous les murs de Kœniggrætz, à la barbe de M. de Piccolomini. Les hussards prussiens défirent auprès de Hohenmauth 400 dragons autrichiens et en prirent beaucoup dans la fuite. C'était tout ce que pouvait faire le maréchal Schwerin. L'assiette du camp de Kœniggrætz se trouve précisément au confluent de l'Adler dans l'Elbe; 1 ennemi s'y était retranché et ce poste se trouvait inattaquable par son front.
Ce n'était qu'en Saxe où les grands coups pouvaient se porter, il fallait éloigner le secours autrichien et prendre l'armée saxonne. Vers la fin de septembre, l'on sut que M. de Browne avait ordre de dégager les Saxons, son armée se trouvait campée à Budin, au confluent de l'Eger dans l'Elbe. Il avait trois moyens pour exécuter ces ordres: l'un, d'attaquer l'armée du maréchal Keith et de la battre, ce qui n'était pas aisé; le second, de marcher par sa gauche prenant le chemin de Bilin et Teplitz, pour entrer en Saxe, ce qui l'obligeait à prêter le flanc à notre armée et même le mettait dans le cas d'être coupé de ses magasins de Budin et de Welwarn; le troisième consistait à faire un détachement par Leitmeritz qui marchât aux Saxons par Bœhmisch-Leipa et Schandau. Cette dernière manœuvre ne pouvait mener à rien de décisif, à cause que le terrain des environs de Schandau et d'Ober-Rathen est si difficile qu'avec peu de troupes on peut arrêter une armée entière. Cependant, le Roi crut le moment assez critique pour exiger sa présence en Bohême.
Sa Majesté partit le 28 du camp de Sedlitz et arriva le même jour au camp de Johnsdorf. Le 29, l'armée de Bohême eut ordre de marcher, le Roi prit le devant avec 8 bataillons et 20 escadrons, il se campa à Tùrmitz, où l'on apprit par les coureurs de l'armée que M. de Browne passerait l'Eger le lendemain; c'était sans doute le meilleur parti que d'approcher de l'ennemi pour être témoin de tous ses mouvements et de le tenir en respect par le voisinage d'une armée prête à combattre d'un moment à l'autre. Le 30, toutes les troupes suivirent le Roi en deux colonnes. A peine l'avant-garde fut-elle sur les hauteurs