8286. AU GÉNÉRAL MAJOR PRINCE FRÉDÉRIC EUGÈNE DE WÜRTEMBERG A GŒRLITZ.

Sedlitz, 2 novembre 1756.

Monsieur mon Cousin. Vous connaissez toute l'étendue de l'amitié que j'ai pour M. votre frère le Duc régnant, et avec combien de plaisir je me suis toujours employé pour tout ce qui peut regarder ses intérêts et ceux de sa maison. Vous jugerez par là de la surprise que j'ai eue, quand il m'est revenu depuis peu que la cour de Vienne le sollicite et était en négociation avec lui, pour avoir de ses troupes, afin<11> de s'en servir dans la présente guerre contre moi. J'avoue que j'ai bien de la peine d'ajouter entièrement foi à cette nouvelle, et que je ne saurais me persuader que M. votre frère voudrait se prêter à une chose de cette nature, qui ne saurait que de frapper tout le monde, vu les liaisons de famille qu'il y a entre nous,11-1 et la bonne intelligence qui a toujours régné entre nos maisons; je ne saurais d'ailleurs m'imaginer que le Duc voudrait laisser tant surprendre sa religion pour donner les mains à une affaire diamétralement contraire à ses intérêts les plus essentiels, qui tôt ou tard ne saurait que de causer un tort irréparable à lui et à sa maison, en contribuant lui-même à l'élévation d'une cour qui ne vise qu'à la ruine entière des prérogatives et de la liberté des princes de l'Empire, pour exercer un despotisme souverain sur eux. Je vous saurais donc un gré particulier, si vous vouliez bien vous éclaircir avec votre frère sur une affaire de cette grande conséquence et me faire part alors de la réponse que vous en avez eue. Je suis avec estime, Monsieur mon cousin, de Votre Altesse le bon et très affectionné cousin

Federic.

Nach dem Concept.



11-1 Der regierende Herzog Karl Eugen wie der Prinz Friedrich Eugen hatten Nichten des Königs zu Gemahlinnen. Vergl. Bd. X, 160.