8288. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN A FRANKENSTEIN.
Sedlitz, 3 novembre 1756.
Mon cher feld-maréchal comte de Schwerin. J'ai reçu votre rapport du 31 d'octobre. J'approuve que vous fassiez cantonner les régiments, mais il est d'une nécessité indispensable qu'ils restent dans les quartiers de cantonnement au moins jusqu'à la fin de novembre; d'ailleurs il est très nécessaire que vous serriez ces quartiers, en sorte qu'ils n'aient tout au plus qu'un espace d'un et demi-mille de largeur et d'un mille de profondeur, aussi près l'un de l'autre et aussi serré qu'il sera possible. C'est une chose nécessaire que je vous prie d'observer exactement, car, moi-même, je resterai dans mes cantonnements assez près l'un de l'autre, au moins jusqu'au 20 de novembre, sans m'en mouvoir.
Je suis persuadé que l'ennemi fera toutes sortes de démarches de votre côté, qu'il tâchera de vous donner des jalousies. Gardez-vous, je vous prie, de rien précipiter, mais attendez pour voir et pénétrer s'il y a un dessein ou non. Le général Winterfeldt est en pleine marche, il a été avant-hier à Bautzen et me marque qu'il fera de son mieux pour accélérer sa marche; il ira tout droit sur Landshut et aura soin de couvrir bien les frontières. Si, en attendant, quelque corps de pandours ou de hussards entrait dans ces contrées, le dommage qu'ils feront, ne sera pas considérable, et après une couple de jours, quand ils apprendront qu'il s'approche, ils précipiteront leur retraite. Il n'aura dans son poste rien à craindre de l'ennemi, et supposé qu'un corps considérable lui en voudrait, il se repliera à Schweidnitz, où il attendra que vous le joigniez.
Au reste, je ne puis pas désapprouver que vous fassiez casser les chevaux de l'artillerie, de la boulangerie et de bât qui ne sauront plus servir. Ma volonté est cependant que vous ne le fassiez pas plus tôt que quand vos quartiers de cantonnement vont finir, et que vous le suspendiez en conséquence jusqu'à la fin de novembre.
Federic.
P. S.
Nous nous sommes, comme vous, retirés sans perte quelconque. Browne remet tout à l'année qui vient, et moi aussi; voilà donc le temps qu'il faudra attendre pour décider par de bons coups de collier de la fortune, de la liberté de l'Europe et du tyrannique despotisme des Autrichiens.
Aiguisez bien vos couteaux cet hiver et faites provision de santé pour l'année qui vient. Adieu.
Nach dem Concept. Der Zusatz nach Abschrift der Cabinetskanzlei; in der Ausfertigung eigenhändig.
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