8346. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A ERLANGUE.

[Dresde,] 19 [novembre 1756].

Ma très chère Sœur. Je vous rends mille grâces de la lettre que vous me faites l'honneur de m'écrire; son contenu m'a fait beaucoup de plaisir, il n'y a que la migraine dont vous vous plaignez, qui me fasse de la peine. Nous sommes à présent en quartiers d'hiver, assez serrés à la vérité, attentifs à la moindre démarche de nos ennemis et<52> en état de nous rassembler en quatre jours. Je ferai ici un plus long séjour que je ne me l'étais proposé, j'ai beaucoup d'arrangements à prendre touchant les troupes, le pays, la campagne prochaine et d'autres misères semblables que les cerveaux brûlés des politiques qualifient de grandes affaires.

Pour vous parler d'autre chose, je vous dirai qu'ayant trouvé ici de la porcelaine qui m'a paru très jolie, je n'ai eu rien de plus pressé que d'en envoyer un petit tribut pour orner la nouvelle Jérusalem.52-1 Je souhaite de tout mon cœur que cette bagatelle vous fasse souvenir de celui qui l'envoie, qui voudrait même se mettre à vos pieds, si les chaînes de Mars ne l'arrêtaient ici. Soyez persuadée, ma très chère Sœur, de la sincère tendresse et de tous les sentiments avec lesquels je serai jusqu'au dernier soupir, ma très chère Sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



52-1 Vergl. Bd. XIII. 264.