8585. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.

Dresde, 6 février 1757.

Après avoir accusé la bonne réception de toutes les dépêches que vous m'avez faites depuis le 11 jusqu'au 25 du janvier passé, et vous avoir témoigné ma satisfaction particulière tant des bons sentiments où la cour à laquelle vous vous trouvez, continue d'être, que de la façon dont vous agissez pour l'y confirmer, je vous dirai que mes dernières lettres de Londres du 25 janvier247-3 m'ont appris qu'on a envoyé des instructions au sieur Titley, pour entamer une négociation avec la cour de Danemark et même d'offrir des conditions très avantageuses, si cette cour veut se détacher de la France. Le fond du traité doit être un subside annuel de 100,000 livres sterling pour cinq ans, à condition que Sa Majesté Danoise entretienne 12 vaisseaux de guerre et un corps de 8,000 hommes à la disposition du roi d'Angleterre, qui pourra être augmenté, en cas de besoin, à 12,000 hommes, lesquels doivent être à la solde de l'Angleterre, sitôt qu'ils seront employés.

Le sieur Titley doit avoir ordre de communiquer avec vous et le baron de Wedell et d'agir en sorte de ne pas commettre Sa Majesté Britannique. Ma volonté est donc, et je vous l'ordonne expressément, que vous devez aider et appuyer au mieux ledit ministre Titley dans cette négociation, par tout le savoir-faire et adresse dont vous êtes capable, afin de la faire constater heureusement, si salutaire pour la<248> cause commune et pour rétablir la balance de l'Europe, enfin pour bien d'autres heureuses suites; aussi agirez-vous en ceci avec ce ministre tout confidemment, pour lui être utile au possible. Il serait cependant aussi utile qu'absolument nécessaire qu'on puisse cacher cette négociation, au moins jusqu'on soit parvenu à en avoir réglé et signé les préliminaires, devant les ministres français et autrichien,248-1 qui, au défaut de cela, ne manqueront pas de remuer ciel et terre, pour la faire évanouir.

Au surplus, vous ne manquerez pas de donner aux ministres de Danemark et surtout au comte de Moltke tous les soupçons possibles contre les Autrichiens et les Français, surtout par rapport à l'alliance qu'ils viennent de contracter avec la Russie, qui vient d'accéder au traité de Versailles et d'envoyer son accession en France par le connu marchand Michell le 15 janvier.248-2

Federic.

Nach dem Concept.



247-3 Bericht Michell's, d. d. London 25. Januar 1757. Vergl. Nr. 8603.

248-1 Vergl. S. 155.

248-2 Vergl. S. 241.