8762. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE SCHMETTAU A HANOVRE.

Dresden, 23 mars 1757.

La dépêche que vous m'avez faite du 21 de ce mois, m'est heureusement parvenue, par laquelle j'ai été bien fâché d'apprendre les longueurs et les tergiversations que vous essuyez de la part du ministère d'Hanovre; aussi me suis-je un peu méfié des bonnes choses que le baron de Münchhausen vous avait déclarées, en conséquence de votre lettre antérieure,405-2 me doutant de l'applaudissement de ses camarades. En attendant, j'ai tout fait ce qui m'a été possible pour faire changer de sentiment à ces gens et pour ôter l'illusion qu'ils se forment à leur préjudice irréparable. J'ai écrit au roi d'Angleterre et partout ailleurs;405-3 c'est à présent de voir et d'attendre l'effet que cela produira. Quant à la Russie, je doute que la nouvelle qu'on vous a donnée de la condition de son accession au traité de Versailles,405-4 soit exactement juste, et la véritable raison de ce que jusqu'ici les troupes de Russie ne se sont pas encore avancées, est plutôt qu'il leur manque presque tout le nécessaire pour une marche,405-5 de sorte qu'Apraxin, malgré les ordres les plus positifs qu'il a reçus d'entrer en chance,405-6 ne saurait se remuer avant le mois de mai ou de juin.

Je crois vous avoir déjà répondu qu'au cas que l'armée avancerait, je ne serais pas contraire qu'on mettait garnison de ces troupes à Minden.405-7 Je ne saurais point combiner ce que l'on vous a dit par rapport au refus du landgrave de Hesse-Cassel, pour faire avancer ses troupes, avec ce qu'il m'a écrit lui-même d'être convenu avec<406> l'Angleterre et qu'il ferait marcher tout ce qui lui restait de troupes, jusqu'à en dégarnir [son propre pays] même, ainsi qu'il faut qu'il y ait du mal-entendu là-dessus. Et quant à son Prince héréditaire, qu'on souhaite qu'il fût rappelé,406-1 vous tâcherez de faire comprendre à Messieurs les ministres combien il me serait embarrassant d'appeler ce Prince auprès de mon armée, vu les griefs et les plaintes que cela m'attirerait de la part de mes vieux généraux, qui, après tous les services signalés qu'ils m'ont rendus, ne voudraient être sous les ordres de ce Prince; que, d'ailleurs, il serait extrêmement mortifiant pour ce Prince, s'il dût être rappelé d'un corps de troupes, où il avait commandé jusqu'à présent; mais qu'il y avait, au surplus, une circonstance qui méritait bien de la considération, savoir qu'en rebutant tout-à-fait ce Prince, il en arriverait que, tandis qu'on avait à craindre pour les jours de son digne père, vu son âge avancé et sa santé mal assurée, il se jetterait dans les bras de la France et retirerait tout ce qu'il y avait de troupes auxiliaires auprès de l'armée d'Hanovre, dès que son père aurait fermé les yeux. Que cette considération seule méritait qu'on eût un peu d'attention pour ce Prince, et qu'on le ménageât et flattait tant soit peu.

Federic.

Nach. Abschrift der Cabinetskanzlei.



405-2 Vergl. S. 385.

405-3 Vergl. Nr. 8711. 8713. 8715. 8760.

405-4 Man gab in Hannover vor, Russland sei dem versailler Vertrage unter der Bedingung beigetreten (vergl. S. 300), dass Frankreich nicht Hannover angriffe. Die Russen zögerten mit ihrem Vormarsche, um sich zuerst von dem zu vergewissern, was die französischen Heere unternehmen würden.

405-5 Vergl. S. 332.

405-6 Vergl. S. 244. 245.

405-7 Vergl. S. 366.

406-1 Vergl. S. 404.