<206> nos pontons, les 20 autres furent entraînés par le courant de la rivière à Podol, où nous avions notre autre pont, et où on les repêcha.
Malgré ces petits obstacles, le bombardement allait son train. Le feu avait consumé des boulangeries de l'ennemi, et, autant qu'on pouvait l'apprendre par la déposition des déserteurs et des espions, les vivres devenaient de jour en jour plus difficiles et plus rares dans la ville.
Pendant que l'on prenait toutes ces mesures pour réduire les troupes de Prague, le prince de Bevern avait poussé devant lui le corps du maréchal Daun; il lui avait pris un petit magasin à Nimburg, un dépôt à Kolin et beaucoup d'avoine à Suchdol. M. de Daun s'était retiré à Czaslau; le prince de Bevern attaqua Nadasdy sur les hauteurs de Kuttenberg, l'en délogea et se campa entre Kuttenberg et Neuhof, terre appartenante au comte Batthyany.
Les retraites de M. de Daun l'approchaient de ses secours. Il avait attiré à lui les fuyards de l'armée du prince Charles, qui de Beneschau avaient côtoyé la Sazawa pour se joindre à lui; toutes les troupes répandues en Moravie, la garnison de Vienne, un corps de Hongrois et enfin tout ce que le temps lui avait permis d'assembler, s'était venu joindre à ses troupes. Lorsque ce maréchal s'était retiré de Bœhmisch-Brod, il n'avait que 14,000 hommes; alors son armée s'était augmentée jusqu'entre 50 et 60,000 combattants. Le prince de Bevern n'avait que 18 bataillons et 70 escadrons sous ses ordres. On sentait la nécessité de le renforcer, ce qui était difficile, vu la grandeur de la ville et la circonférence de nos lignes, sans compter que cette ville contenait une armée, que la nécessité pressait les ennemis de s'ouvrir un passage, qu'il fallait de tous côtés leur opposer des forces suffisantes pour les repousser. On trouva, cependant, le moyen de resserrer les postes et de détacher 10 bataillons et 20 escadrons, que le Roi et le prince Maurice d'Anhalt menèrent par Rosteletz vers Zasmuk. Ce détachement se mit en marche le 13.
Le même jour, les postes avancés du prince de Bevern furent attaqués par le général Nadasdy. 11 fut repoussé, mais, en même temps, l'armée ennemie fit un mouvement sur le flanc du prince de Bevern qui l'obligea de décamper et de prendre le camp de Kolin. Le 14, il marcha vers Kaurzim, où l'armée se joignit.
Le 15 et le 16, l'on fit reconnaître tous les chemins qui allaient vers Wisoka, où l'armée autrichienne campait; en quoi l'on ne put pas réussir entièrement, à cause de la quantité de troupes légères qui étaient sur notre chemin.
Le 16, 4,000 hussards et pandours attaquèrent un convoi qui venait de Nimburg, escorté de 200 hommes sous les ordres du major Billerbeck du régiment de Henri. Le major se défendit trois heures contre ce nombre supérieur, jusqu'à l'arrivée du secours qui le dégagea. Il n'y perdit que 7 hommes, mais tout le convoi fut sauvé.