Le 17, comme l'armée était sur le point de marcher à Swoischitz, on y vit paraître l'armée autrichienne, qui occupait ces hauteurs et s'était postée en angle, la droite vers le côté de Kuttenberg et de Kolin, la gauche vers Zasmuk, une chaîne d'étangs devant elle. Nous fîmes un mouvement avec l'armée, en prenant Kaurzim à notre droite et en étendant notre gauche du côté de Nimburg, Planian devant la gauche de notre infanterie.
Le 18, nous occupâmes la hauteur de Planian, et l'armée défila par la gauche vis-à-vis de celle des ennemis. On fit la disposition pour l'attaquer, en opposant nos troupes légères aux Hongrois qui voulaient se mettre sur notre flanc, que l'on poussa sur le chemin de Kolin, jusqu'au delà d'une hauteur de laquelle il fallait être maître, pour attaquer le flanc droit de l'ennemi. Le général de Hülsen fut commandé avec 7 bataillons, pour s'en emparer. La ligne d'infanterie devait se former en refusant la droite, pour soutenir cette attaque, à laquelle on était résolu de borner l'action. Nos grenadiers gagnèrent la hauteur, ils prirent un village que l'ennemi abandonna, ils se rendirent, de plus, les maîtres de deux batteries, chacune de 12 ou 13 canons. Alors notre infanterie, par une ardeur déplacée, attaqua tout d'un coup, et sans qu'on pût l'arrêter, le front du poste des ennemis. Son engagement nous empêcha de soutenir l'attaque de la hauteur. Si l'on y avait pu porter 4 bataillons, la bataille était gagnée. L'ennemi profita habilement de cette faute, il fit filer de l'infanterie derrière son front, qui attaqua nos 7 bataillons, fondus par trois charges consécutives et par le feu de 40 canons auxquels elle avait été exposée. Notre infanterie les repoussa encore, le régiment de dragons de Normann donna dans cette infanterie, la dissipa, lui enleva 5 drapeaux, se tourna ensuite sur les carabiniers saxons, qu'il poursuivit jusqu'aux environs de Kolin.
Pendant ces entrefaites, notre infanterie avançait toujours sur le poste des Autrichiens; le grand feu de canon leur ayant fait perdre du monde, les bataillons fondus avaient de trop grands intervalles pour y suppléer. Les cuirassiers de Prusse se mirent derrière l'intervalle du régiment de Bevern et de Henri; ils chargèrent sur un régiment autrichien d'infanterie qui était vis-à-vis d'eux, et ils y seraient entrés, si, en même temps, une batterie chargée de mitrailles n'avait été exécutée contre eux. Ce feu les fit tourner, ils se renversèrent sur le régiment de Bevern, une troupe de cavalerie autrichienne les poursuivit. Le régiment de Bevern et de Henri furent si fort ruinés qu'il fallut les retirer.
Cette ouverture nous coupa la communication avec l'attaque des hauteurs et nous obligea de nous retirer. Le bataillon des gardes qui avait la droite, repoussa 4 bataillons d'infanterie qui l'attaquèrent, et 2 régiments de cavalerie qui voulurent l'entourer, et fit des prodiges de valeur.