<312> je serai demain à Dresde. Le 1er septembre je compte de marcher, et je mettrai tout en œuvre pour réussir, mais ma besogne est très difficile; je ne crains point l'endroit où je trouve des ennemis, mais les trous qui restent ouverts, et où je n'ai rien à leur opposer.

J'ai présagé depuis longtemps la désertion des Hanovriens,1 je vois toute leur bassesse et leur mauvaise volonté, mais j'ai lieu de croire que les Français feront les revêches, et qu'ils ne voudront de paix qu'une paix générale; d'ailleurs il faut négocier,2 et entretemps je n'aurai rien à appréhender du duc de Richelieu.

Quant à ce que vous me marquez touchant Cüstrin,3 j'y réponds que c'est le seul lieu convenable, et que, si on ne choisit pas celui-là, il faut aller à Magdebourg; mais, autant que j'entrevois, cela ne presse pas pour le moment présent. Quant à Potsdam, il n'y a que les lettres d'Eichel à sauver, il est bien question des misérables nippes que j'ai là; prêt à tout perdre, ce ne sera pas ces misères auxquelles il faudra penser.

Enfin, la crise est si terrible que cela ne samait plus durer longtemps : le mois de septembre décidera de mon sort pour l'automne et pour l'hiver; quand nous l'aurons passé, il faudra voir ce qui nous reste à faire. Vous pouvez compter que nous nous battrons bien, et que l'ennemi ne marchera, pour ruiner notre patrie commune, qu'en se frayant un chemin à travers nos cadavres. Voilà ma façon de penser et celle de l'armée. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig,


9300. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

[Dresde,] 294 [août 1757].

J'ai reçu toutes vos lettres, dont je vous rends millions de grâces. J'ai trouvé les Autrichiens placés si avantageusement que je n'ai pu les attaquer,5 mais leurs héros subalternes, Nadasdy, Beck, Laudon, ont été bien frottés et ont perdu leurs équipages.6 J'ai rouvert la communication avec la Silésie, j'ai fourragé toute la Lusace, de façon que les Autrichiens ne pourront y pénétrer, faute de subsistance. A présent, les Français m'attirent en Thuringe. Le prince Bevern couvre la Lusace et la Silésie, et je marche à Erfurt, pour battre toute la canaille que j'y trouverai. Ne craignez rien, ma chère, mon adorable sœur, et ne croyez pas tous les bruits qu'on débite; j'espère de vous donner de



1 Vergl. Nr. 9304; Bd. XIV, 550. 551.

2 Vergl. S. 218. 229. 290. 300.

3 Finckenstein hatte in einem Bericht, d. d. Berlin 23. August, die Ansicht geäussert, es würde Stettin mit seinen starken Festungswerken und seiner zahlreichen Garnison als Zufluchtsort für die königliche Familie und den königlichen Schatz geeigneter sein als die kleine Festung Cüstrin. Vergl. S. 259. 270; Bd. XIV, 198.

4 Das Datum „ce 29“ nach einem Vermerk Eichels.

5 Vergl. S. 301. 304. 311.

6 Vergl. S. 305. 309.