<85> je vous dirai que vous lui répondrez, en le remerciant très poliment de la communication, que, pour ce qui regarde les prétendus 30 ou 40,000 hommes commandés par le maréchal Leopold Daun, on en pouvait à juste titre réduire le nombre à 24,000, inclusivement 8000 fuyards de l'armée du maréchal Browne, qui, poursuivis par mes troupes, ont passé la Sazawa et marché à Beneschau d'où ils ont ensuite repassé la Sazawa du côté de Sternberg pour se joindre au maréchal Daun. Au reste, il est vrai que, le jour de l'action, celui-ci se trouva à Bœhmisch-Brod, d'où, sur la nouvelle de la défaite de leur grande armée, il se retira à Nimburg, vers où je lui détachai sur-le-champ le lieutenantgénéral prince de Bevern pour le talonner, qui l'a aussi poussé jusqu'à Czaslau et le rejettera encore plus loin en arrière.
Que d'ailleurs j'étais bien aise d'apprendre que le duc de Cumberland avait fait passer le Wéser à toute son armée; qu'au surplus le baron de Münchhausen pouvait être parfaitement assuré que je n'abandonnerai jamais les intérêts du Roi son maître, pourvu que le ministère d'Hanovre marchât droit et ne fît pas des choses qui leur donneraient lieu d'en rougir.1 Que la chose la plus principale était à présent que nous restions fermement unis, et que d'ailleurs j'espérais qu'ils n'ajouteraient nulle foi aux insinuations que nos ennemis voudraient leur faire, tout comme j'agirais réciproquement à leur égard, et qu'au reste mes actions justifieraient la pureté et la sincérité de mes sentiments envers le Roi leur maître.
Que, quant à la Suède, j'avais tout lieu de croire qu'après la face des affaires bien changée depuis la bataille de Prague, elle songerait plus mûrement à ce qu'elle ferait. Qu'au moins je voyais que quelques États de l'Empire des plus mal intentionnés jusqu'ici commençaient d'ouvrir les yeux sur les dangers auxquels ils s'exposaient par la lâche complaisance dont ils avaient usé envers la cour de Vienne, et que l'électeur de Bavière venait de m'envoyer expressément son colonel et chambellan baron de Montgelas,2 pour offrir sa neutralité pendant cette guerre et m'assurer qu'il renoncerait à tout engagement pris antérieurement au contraire et ne donnerait point son contingent que la cour de Vienne lui avait extorqué. Propositions que j'ai acceptées, les estimant avantageuses pour le bien de la cause commune, ainsi que celles des autres princes d'Allemagne qui pourraient m'en faire. Sur quoi, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung.
1 Vergl. S. 58. 59. 61. 62.
2 Vergl. Nr. 8986 und S. 92.