9001. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Michell berichtet, London 13. Mai: „Il serait à souhaiter qu'au milieu de ces bons commencements de campagne sur le continent, on eût pu s'arranger intérieurement, et qu'on fût enfin parvenu à fixer une administration;93-3 qu'en conséquence les affaires eussent pu reprendre leur cours ordinaire, et que l'on se fût mis par là en état de prendre des résolutions vigoureuses et capables de soutenir | Camp de Prague, 26 mai 1757. J'ai été bien fâché d'apprendre par votre rapport du 13 que cette malheureuse désunion93-4 en Angleterre qui ne laisse pas que de donner de forts soupçons contre des brigues cachées des cours de Vienne et de Versailles, continue |
le système en l'appuyant de tous cotés comme il faut. Mais, malheureusement, cela n'a pas pu et ne peut pas se faire encore, puisque l'administration n'est point arrangée, que les divisions pour la fixer subsistent toujours, et que l'on n'est point jusques ici tombé d'accord sur le choix des personnes qui la formeront. Ce fâcheux contre-temps continue de faire bien de la peine aux bien intentionnés; ils en gémissent en particulier, et le lord Holdernesse, qui est de ce nombre, et qui croyait la semaine passée qu'on aurait pu s'arranger celle-ci, m'a avoué ce matin, à son grand regret, que rien n'était, malgré cela, arrangé jusques à présent; qu'un jour il semblait que les différents chefs de parti pourraient s'entendre, mais que le lendemain cela se détruisait par la multitude des prétentions que chacun demandait pour son parti, et par l'impossibilité qu'il y avait de les ajuster tous. Cependant, comme il faut de toute nécessité que l'on convienne de quelque chose avant la séparation du Parlement, dont la séance doit être fermée au plus tard dans trois semaines, il faut présumer que bon gré mal gré on établira une administration, et que les trois chefs de parti, savoir le duc de Newcastle, le sieur Fox et le sieur Pitt, s'arrangeront une fois et mettront fin de bonne volonté ou autrement à la situation chancelante et indéterminée dans laquelle les rênes du gouvernement se trouvent malheureusement être depuis si longtemps.“ 94-1 | de régner, qui seule est capable d'empêcher les succès des affaires pour le bien de la cause commune et de plonger la nation dans toutes sortes de malheurs dont elle aura de la peine à se relever, après que les deux cours susdites auront en attendant obtenu leur but. Souvenez-vous de ce que vous m'avez fait remarquer dans votre dépêche antérieure au sujet de la continuation du séjour du comte de Colloredo à Londres.94-2 Mais pour vous donner une preuve combien la cour de Vienne sait remuer partout où elle croit tirer quelque avantage, et des voies dont elle se sert, vous saurez que, selon mes dernières lettres de Stockholm,94-3 le ministre autrichien, comte de Gœs, après avoir reçu en dernier lieu un courrier de sa cour, a fait des instances très fortes auprès du ministère suédois afin de le porter d'agir avec plus de vigueur, comme garant de la paix de Westphalie, qu'il n'a témoigné de vouloir faire;94-4 et qu'ayant reconnu par la déclaration à la Diète le cas de ladite garantie, l'Impératrice-Reine insiste afin que la Suède se mette en devoir de la remplir avec une armée de 12 à 16,000 hommes. Cette proposition, à ce que mes lettres ajoutent, doit avoir mis les esprits en grande fermentation; l'on ne sait me rien dire encore sur le parti qu'on pourrait prendre par rapport à cela, mais les sénateurs suédois du parti de la France ne laissent pas |
de donner à entendre que le premier devoir d'un État c'était de tenir exactement sa parole, que la Suède ayant des devoirs à remplir, en qualité de garante, elle était obligée de le faire, puisqu'on le lui demandait; que, jusques là, on ne lui avait demandé simplement que de reconnaître le cas, ce qu'elle avait fait, mais que, si on la requérait pour avoir des troupes, il fallait les donner, par la raison qu'il ne faut jamais manquer à ses engagements. Ces lettres remarquent encore qu'on avait observé que depuis l'arrivée du susdit courrier il était incroyable avec quelle insolence le gros du parti dominant raisonnait dans les places publiques contre moi et contre l'Angleterre, et qu'on remarquait des émissaires apostés qui prêchaient, pour ainsi dire, la croix, principalement contre moi, ne parlant que de la gloire et de l'honneur de la nation, et que, selon eux, le temps était venu où la Suède pourra reprendre ce qu'on lui avait ôté de provinces en Allemagne du temps de Charles XII, et faire des conquêtes nouvelles. Voilà ce que j'ai trouvé nécessaire de vous communiquer, vous verrez quel usage vous pourrez en faire auprès du ministère anglais, pour leur faire comprendre de quel bon effet une escadre anglaise dans la Baltique95-1 serait pour imposer à toutes ces insolences et aux brigues des cours alliées de Vienne et de Versailles dans ces contrées-là, s'il n'y avait cette malheureuse division en Angleterre qui fait manquer tout. Au reste, j'ai appris avec bien de la satisfaction ce que vous me marquez au sujet de la résolution que le ministère a prise d'envoyer deux vaisseaux de guerre vers Emden pour bloquer le port, en cas que les Français s'en dussent rendre maîtres, pour ne pas s'en servir de retraite pour les armateurs. Jusqu'à présent, tout est encore tranquille dans cette province, et aucun Français n'y a mis le pied. D'ailleurs mes ordres positifs sont à la garnison d'Emden qu'au cas que l'envie prît aux Français d'en vouloir à cette ville, de la défendre jusqu'au dernier homme et de se servir de tous les moyens propres pour conserver la ville contre les entreprises des Français.95-2 Mais comme les Français sauront s'aviser encore d'envahir la province d'Ost-Frise, il serait toujours fort convenant et utile pour la cause commune, si le ministère réalisait ce qu'il s'est proposé par rapport à l'envoi des deux vaisseaux de guerre, et je suis certain qu'alors jamais les Français n'oseront toucher à la ville d'Emden. Quant à nous autres ici, je me suis arrangé de la sorte devant la ville de Prague que je commencerai peut-être demain de faire bombarder cette ville,95-3 afin de brûler les magasins de vivres et de munitions qu'il y a, et je verrai alors à quoi la garnison se déterminera. Je me flatte d'avoir plus tôt fait avec la ville de Prague, qu'on n'aura fixé en Angleterre l'administration. Federic. |
Nach dem Concept.
<96>93-3 Vergl. S. 83. Bd. XIV, 502.
93-4 Vergl. Bd. XIV, 551.
94-1 Vergl. Bd. XIV, 551.
94-2 Michell halte am 6. Mai berichtet, trotz, der ablehnenden Haltung, welche König Georg und vor Allem die englischen Minister gegenüber den österreichischen Vorschlägen zur Neutralität Hannovers (Vergl. S. 35. 36). festhielten, glaube er doch, dass die Oesterreicher sich nicht abschrecken lassen würden, auf die Angelegenheit immer wieder zurückzukommen „surtout s'il arrivait le moindre échec à l'électoral; je conjecture même que la continuation du séjour du comte de Colloredo ici n'a pour but que cet objet . . . On ne comprend pas ce qui peut le retenir ici, et pourquoi il n'en part pas, comme il l'a donné à entendre à ses amis.“
94-3 Nach dem Bericht des Grafen Solms, d. d. Stockholm 13. Mai. Vergl. Nr. 8999.
94-4 Vergl. Bd. XIV, 385. 503.
95-1 Vergl. Bd. XIII, 609; XIV, 551.
95-2 Vergl. S. 15. 48.
95-3 Vergl. S. 90.