<175> du monde; jusque dans son délire, il a les rêves d'un honnête homme. J'ai ici le comte Finck, Knyphausen et d'Argens;1 je suis si aise de pouvoir jouir, du moins pendant quelque temps, d'une société douce, pour perdre ce que cette terrible campagne pouvait avoir répandu de sauvage dans les mœurs.

Les Autrichiens se préparent sérieusement à faire la campagne prochaine, et j'en fais de même; si je réussis, je leur opposerai 96,000 hommes et, si cela ne se peut, j'en aurai pour sûr 84, sans compter les garnisons, 22,000 en Saxe et Lehwaldt à part, qui en a tout autant, et alors il faudra dire : « Saute Marquis! »2 Il faut pourtant que cette fièvre chaude finisse une fois; le délire a été fort cette année, encore une couple de poudres tempérantes et le retour de la raison ramènera la paix.

Voici une lettre dont je vous prie de vous charger pour ma sœur de Baireuth.3

Adieu, mon cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur, en vous assurant de la haute estime et de la parfaite tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


9691. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE A LEIPZIG.

Breslau, 14 janvier 1758.

Mon cher Frère. Sachant combien vous aimez de m'obliger, je viens vous prier de vouloir bien vous donner la peine d'écrire sous main à Gotha, Weimar, Baireuth et Ansbach, afin que j'en puisse avoir de jeunes gentilshommes, soit pages, soit d'une autre qualité, pour les employer parmi mes troupes, où je les placerai même comme officiers, si d'ailleurs ces gens sont de bonne éducation et de bonnes manières. Je vous tiendrai compte des peines que vous vous donnerez à ce sujet pour me satisfaire, étant avec des sentiments d'estime et d'amitié, mon cher frère, votre bon et très affectionné frère

Federic.

Nach der Ausfertigung.


9692. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Breslau, 14 janvier 1758.

J'ai bien reçu, par le major Grant,4 les rapports que vous m'avez faits du 9 et du 11 décembre, et en ai vu, avec une satisfaction entière et complète, que le ministère anglais prend les arrangements que vous me marquez. La seule chose fâcheuse est qu'ils paraissent être éloignés de l'envoi de quelque corps de troupes pour soutenir l'armée hano-



1 Vergl. S. 118. 163.

2 Vergl. Regnard, Le Joueur, Akt IV, Sc. 10 u. 11 Akt V, Sc. 4.

3 Vergl. Nr. 9689.

4 Vergl. S. 111. Anm. 1.