Dès que le Grand-Général se sera prêté à mes instances pour me fournir un tel sujet, vous ne perdrez pas un moment, pour m'en avertir incessamment par le même courrier qui vous rendra cette lettre, afin que je puisse vous envoyer alors ce paquet de lettres dont je voudrais charger cet exprès, et me marquerez en même temps combien il lui faut à peu près en frais, pour faire le voyage et le retour. Vous me manderez, d'ailleurs, quel passe-port il lui faudra, pour qu'il passe sûrement par la Pologne et surtout à Chozim, afin de ne pas être retardé là par les Turcs, et si peut-être il ne suffira que cet homme n'aille que jusqu'à Chozim, et qu'il puisse là envoyer de là son paquet de lettres par quelque voie bien sûre à Constantinople, pour le faire parvenir à sa direction.
En faisant la proposition ci-dessus mentionnée au Grand-Général de la Couronne, vous lui représenterez encore de ma part que, comme il était connu que les Russes venaient de rentrer dans ma province de Prusse, laquelle, comme il paraissait, ils pensaient de la vouloir bien garder en perpétuité pour eux, et que, d'ailleurs, les troupes de Russie s'apprêtaient de vouloir passer de là par la Pologne vers la Poméranie et la Silésie, en occupant chemin faisant même la ville de Danzig, pour en faire une place d'armes, je croyais le Grand-Général de la Couronne trop bon patriote et trop bien intentionné pour sa patrie, pour vouloir voir indifféremment des choses aussi préjudiciables, et qui rendraient la République absolument esclave de la Russie pour toujours; que, selon [mon] avis, le Grand-Général n'aurait jamais une occasion plus propre à rendre un service signalé à sa patrie qu'en faisant faire des représentations énergiques là-dessus auprès de la Porte Ottomane, pour s'en mêler et ne pas laisser impunément opprimer la République, mais prendre plutôt ses intérêts en main, pour s'opposer vigoureusement à une telle démarche de la Russie, en quoi la Porte serait d'autant mieux fondée, supposé que les Russes voudraient exécuter leur dessein de marcher par la Pologne, que c'était diamétralement contraire aux traités les plus solennels faits entre la Porte et la Russie. Enfin, vous n'oublierez rien de ce qu'il faut représenter au Grand-Général sur ce sujet important, et m'en ferez votre rapport de ce qu'il vous a fait sentir là-dessus.
Federic.
Nach dem Concept.
9770. AN DEN GENERALFELDMARSCHALL VON LEHWALDT.1
Breslau, 10 Februar 1758.
Ihr seid ausser allem Zweifel bereits umständlich informiret, was zeither der Resident von Reimer zu Danzig bei Gelegenheit des Ein-
1 In einem Schreiben vom 4. Februar hatte der König dem Feldmarschall angezeigt, dass die zwei nunmehr gleichfalls aus Preussen abberufenen Garnisonbataillone (vergl. Bd. XV, 442. 443) die Befehle Lehwaldt's in Colberg erwarten würden.