<263> sieur Porter et ait requis ce dernier de vouloir bien en avoir soin ultérieurement; à quoi il faudra que notre émissaire emploie un grand fonds d'adresse, pour échapper à la vigilance des mouches qui se trouvent en grand nombre à Constantinople, et pour rester inconnu le plus longtemps que faire se pourra. Voilà à quoi se réduisent les instructions que je puis vous donner pour la direction de votre émissaire; je m'en rapporte, pour le reste, à votre bon discernement, et je vous recommande fortement de bien penser à tout ce qui sera de besoin dans le cas en question. L'importance de l'affaire est toute des plus grandes, et vous en jugerez vous-même sur ce pied, sans que j'aie besoin d'entrer làdessus dans aucun autre détail.

Il ne me reste que de vous parler d'un article que je tiens pour tout-à-fait indispensable relativement à cet envoi, qui est, que vous requerriez convenablement le Grand-Général de la Couronne de vouloir bien munir l'émissaire en question, sous quelque prétexte plausible, d'un passe-port, au moins pour jusques au premier endroit sûr de la Turquie, et vous ne manquerez pas de vous employer de votre mieux pour le procurer moyennant l'assistance du sieur Beck,1 auquel vous réitèrerez les assurances de ma reconnaissance envers lui, en lui disant que je lui avais déjà effectivement fait expédier gratis le brevet de conseiller de guerre, et que je lui continuerais non seulement la pension annuelle de 300 écus que je lui avais accordée, mais que je l'augmenterais même, mon intention étant de le placer, en considération des bons services qu'il continuerait à me rendre, d'une manière convenable et avantageuse dans une de mes chambres de guerre et de domaines.

Au surplus, si l'affaire du passe-port, que vous tâcherez de procurer du Grand-Général de la Couronne, pouvait se trouver en règle, de la façon que je le souhaite, je serais bien aise, et je le verrais volontiers, si je pouvais de la sorte me passer entièrement du passe-port du ministre d'Angleterre, pour pouvoir lui faire un secret de toute cette affaire.2

Pour ce qui regarde les frais du voyage de l'émissaire en question, je vous ferai parvenir la valeur de 350 ducats, lesquels vous compterez audit émissaire pour frais de son voyage contre sa quittance, en l'assurant qu'au cas, comme l'on s'en flattait, il s'acquittât bien de sa course et rapportât de Constantinople les réponses qu'il aurait à vous remettre, qu'il devait non seulement s'attendre à une discrétion pour le moins d'une égale valeur, mais qu'il pourrait même compter sur une reconnaissance plus forte. Vous prendrez de justes mesures sur tout ce que dessus; après quoi, vous vous arrangerez en conséquence avec tout le secret nécessaire.



1 Ein aus Preussen gebürtiger Secretär des Grafen Branicki, der schon früher den Wunsch zu erkennen gegeben hatte, in die Dienste des Königs von Preussen überzutreten.

2 Vergl. S. 238.