<333> la fin elle donnera la loi à la France, pour faire la paix la plus glorieuse qu'elle ait jamais faite. Mais si, au contraire, les ministres anglais ne veulent rien faire et traiter avec indifférence les affaires du continent, il n'arrivera rien de tout ce que dessus, sinon que, malgré toute leur indifférence, les Français seront chassés au delà du Rhin.
Voilà des réflexions que je vous fais dans la dernière confidence, mais dont vous pourrez cependant faire votre usage, quoique toujours avec tout le ménagement nécessaire, en trouvant des occasions propres à faire vos insinuations en conséquence à milord Holdernesse et à d'autres ministres anglais bien intentionnés.
Vous savez, au reste, les conditions auxquelles je vous ai ordonné de signer la convention avec l'Angleterre.1 Je me flatte qu'elle le sera déjà; en tout cas, je renoncerai encore à l'envoi d'une escadre anglaise dans la Baltique,2 et vous vous appliquerez seulement à faire en sorte que ladite convention soit signée, pour tranquilliser Sa Majesté Britannique, et pour ne pas mettre plus d'empêchements aux autres affaires parlementaires.
Federic.
Nach dem Concept.
9872. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL COMTE DE DOHNA.
Grüssau, 29 mars 1758.
J'ai reçu la lettre que vous m'avez faite du 19 de ce mois, sur laquelle je vous dirai que je suis très fâché que, contre mes intentions et mes ordres les plus pressants, on a perdu là le temps, sans rien faire, et la saison la plus propre pour déloger l'ennemi de l'île de Rügen;3 aussi soyez assuré que je ne connais que trop toutes les mauvaises suites qui en sauraient arriver, et la situation embarrassante où l'on se trouve. Cependant, comme il n'y a pas moyen de refaire les choses passées, il faut, à présent que vous avez les mains libres, que vous raffiniez pour jouer un très mauvais tour aux Suédois. Il est bon que vous leur fassiez brûler ces vaisseaux dont vous faites mention, mais il faut d'ailleurs que vous leur frappiez quelque coup très sensible, et dont ils se ressentent, afin de les tenir en respect. Ce qui cependant est nécessaire à ce sujet, c'est qu'il ne faut pas que vous vous figuriez ces gens-là comme des gens redoutables; en y songeant, vous serez convaincu vous-même que ce ne sont proprement que des gens misérables, ramassés de gré ou de force, sans ordre ni discipline, de sorte qu'il ne faut pas croire qu'il y aura de grands hasards à courir contre eux.
Comme vous avez encore le temps pour songer à leur porter quelque grand et sensible coup, vu que les Russes ne sauraient pas encore être à même de les secourir, et que le renfort qu'ils attendent de la
1 Vergl. Nr. 9811. 9819.
2 Vergl. S. 277. 285. 293.
3 Vergl. S. 299. 309.