<69> d'un nombre de 3g à 40,000 combattants. Demain, jour de repos; le jour suivant, tout marchera droit à l'ennemi, qui campe encore entre Lissa et le poste que le prince de Bevern occupa avant la bataille.1 Quoique l'ennemi ait perdu, selon bien des lettres interceptées de ses officiers, au delà de 24,000 hommes, et par le siège de Schweidnitz 8000, qu'il a beaucoup souffert de maladies, que la moitié de sa cavalerie est ruinée, et qu'il lui a fallu détacher pour les garnisons de Schweidnitz et de Breslau, il pourrait, nonobstant cela, être, sinon supérieur, au moins égal en nombre avec nous autres. Il est dans un camp avantageux, garni de beaucoup d'artillerie, il vit de nos magasins, et la possession de Breslau lui donne l'aisance de se retirer en tout cas, ce dont le bon Dieu nous préserve, au delà de l'Oder. Cependant, le Roi l'attaquera dans son poste, ce qui se fera entre le 4 et le 6 de ce mois. L'attaque sera vive, mais dirigée avec beaucoup d'intelligence et de disposition, et le Roi se flatte que, sous l'assistance du Ciel, il battra son ennemi. Si la bataille se décidera pour nous, Breslau sera repris incessamment, et Schweidnitz et Liegnitz suivront.
Tout cela se décidera dans le courant de ce mois. Cela ne sera pas sans perte et sans hasard; mais le Roi est résolu absolument ou de vaincre, ou de ne pas survivre à sa ruine. Si la bataille va mal, il n'y a plus de ressource, et tout sera perdu. Tout au plus, la suite en sera que nous aurons la paix l'hiver qui vient ou le printemps prochain, par laquelle chacun sera remis dans la possession de ce qu'il a eu avant la guerre, frais et dommages compensés.
En attendant la bataille, le Roi me laissera ici dans un très fichu lieu, où je courrai, tandis que la bataille se décidera, bien des hasards. Malgré cela, le Roi m'a chargé de bien des commissions de bouche, sur tous les cas qui pourraient arriver. Si la bataille sera gagnée, je dois envoyer d'abord des courriers à Magdeburg, Berlin et autre part en faire la notification. Si le Roi sera tué, je dois aller incessamment par Glogau à Berlin et remettre au Prince de Prusse un certain Testament militaire.2 Si la bataille serait perdue, je dois aller aussitôt seul et travesti à Glogau et de là selon les circonstances. Je suis très en peine de ces commissions, surtout dans un lieu où, quelque train que les choses prennent, je pourrais être enveloppé d'ennemi, même quand il sera battu et sur sa retraite. Je garderai religieusement ledit Testament, qui est d'ailleurs de petit volume. Cependant, comme il pourra m'arriver du malheur, de sorte que je pourrais me voir obligé de déchirer la pièce, pour ne pas la laisser tomber dans les mains de l'ennemi, j'ai pris la précaution d'en faire une copie très fidèle et exacte que j'ai bien chiffrée, que voici même, du chiffre de Haeseler, et [que] j'envoie ci-clos cachetée, demandant en grâce à Votre Excellence de la vouloir bien garder auprès d'Elle cachetée, comme elle se trouve, sans en dire mot à âme qui
1 Vergl. S. 12. Aura. 4.
2 Vergl. Nr. 9559.