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9570. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

Dürrgoy,1 au faubourg de Breslau, 8 décembre 1757.

Ma très chère Sœur. La fausse nouvelle que je vous avais mandée d'une bataille gagnée,2 est à présent, Dieu soit loué! véritable. Le 5, nous avons attaqué l'ennemi, et nous avons remporté sur lui une des plus grandes victoires du siècle. Elle nous coûte peu de sang, point de général de tué, environ 500 morts et 2000 blessés; mais nous leur avons pris 163 officiers, 22,000 prisonniers, 172 canons et 43 drapeaux et étendards, 3000 chariots d'équipage et de vivres, sans compter les mulets. Le général Zieten les poursuit encore, et je suis actuellement occupé à reprendre Breslau, après quoi nous nous tournerons sur Schweidnitz. J'ose vous assurer que cette bataille nous procurera la paix. Toute leur armée est presque dissipée. S'ils ramènent 20,000 hommes en Bohême, c'est le bout du monde; mon grand embarras à présent est de nourrir le prodigieux nombre de prisonniers que nous avons, et qui nous arrivent encore à tout moment. La tyrannie est détruite, quoique les tyrans subsistent encore. Nous avons eu cette fois plus de fortune que jamais. J'attends que tout ceci soit fini, pour vous envoyer des détails, qui vous ennuieraient peut-être, s'ils ne satisfaisaient votre curiosité. O'Donell est prisonnier et blessé, le vieux Lucchesi et le prince de Stolberg sont morts. C'est ici comme une foire de bagage et de prisonniers autrichiens. Nous avons beaucoup de hussards, qui ont fait jusqu'à 2000 ducats dans la poursuite. Je ne saurais vous dire encore avec certitude si l'ennemi dirige sa marche sur la Moravie ou sur la Bohême, toutefois je répondrais bien que, dans huit jours, il n'y aura plus d'Autrichien dans cette contrée. J'avais attiré à moi l'armée de Bevern battue; j'ai été le jour de l'action 35,000 hommes et l'ennemi 60,000 passé : un parti désespéré nous a sauvés, c'était le seul qui me restait.

Ma chère, ma bonne, mon adorable sœur, soyez tranquille à présent, nous aurons la paix au mois de mars, et j'ai à présent espérance de vous revoir, de vous embrasser et de vous témoigner toute la reconnaissance dont mon cœur est pénétré pour vous, et que je conserverai jusqu'au dernier soupir de ma vie, étant avec la plus haute estime et la plus vive tendresse, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Je n'ai point reçu les lettres de Voltaire.3 En voici une en logogriphe.4 Tout le corps des Würtembergeois5 est pris et dissipé.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



1 Die Vorlage hat „Daher“ ; in den übrigen folgenden Schreiben meist „Durgan“ oder „Durian“ . „Dürrgoy“ ½ Meile sö, von Breslau.

2 Vergl. Nr. 9539. 9551.

3 Unter dem 13. u. dem 19. November hat Voltaire an den König geschrieben (vergl. Œuvres complètes de Voltaire, Paris 1880, par Condorcet, Vol. 39, p. 296 u. 300). Von dem Schreiben vom 19. meldet die Markgräfin am 27. December an Voltaire, dass es auf gefangen worden sei (ebenda p. 336).

4 Liegt nicht vor.

5 Gegen den Herzog Karl von Württemberg, ihren Schwiegersohn, war die Markgräfin besonders erbittert wegen seines schlechten Verhaltens gegen ihre Tochter. (Vergl. Bd. XIV, 289. 347; XV, 276.)