9489. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.
Auprès de Weissenfels, 5 novembre [1757].
Ma très chère Sœur. Enfin, ma chère sœur, je peux vous annoncer une bonne nouvelle. Vous saviez sans doute que les ton<8>neliers,8-1 avec leurs cercles, voulaient prendre Leipzig. Je suis accouru et les ai chassés au delà de la Saale. Le duc de Richelieu leur a envoyé un secours de 20 bataillons et de 14 escadrons; ils se sont dits forts de 63,000 hommes. Hier, j'ai été pour les reconnaître, et n'ai pu les attaquer dans leur poste, ce qui les a rendus téméraires. Aujourd'hui, ils ont marché en intention de m'attaquer, mais je les ai prévenus. C'était une bataille en douceur. Grâces à Dieu, je n'ai pas eu 100 hommes de morts; le seul général mal blessé, c'est Meinecke. Mon frère Henri et le général Seydlitz ont de légères contusions aux bras. Nous avons tout le canon de l'ennemi; leur déroute est totale, et je suis en pleine marche pour les rejeter au delà de l'Unstrut.
Après tant d'alarmes, voici, grâces au Ciel, un évènement favorable, et il sera dit que 20,000 Prussiens ont battu 50,000 Français et Allemands. A présent, je descendrai en paix dans la tombe, depuis que la réputation et l'honneur de ma nation est sauvé. Nous pouvons être malheureux, mais nous ne serons pas déshonorés. Vous, ma chère sœur, ma bonne, divine et tendre sœur, qui daignez vous intéresser au sort d'un frère qui vous adore, daignez participer à ma joie. Dès que j'aurai du temps, je vous en dirai davantage. Je vous embrasse de tout mon cœur. Adieu.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
8-1 Vergl. „Conge de l'armée des cercles et des tonneliers.“ Œuvres, XII, 70—73. S. 72. Anm.