9492. AU ROI DE LA GRANDE-BRETAGNE A LONDRES.
Freiburg, 7 novembre 1757.
Monsieur mon Frère. Comme j'étais en pleine marche pour la Silésie, j'appris que l'armée française et celle de l'Empire s'avançaient du côté de Leipzig, ce qui m'obligea à revenir sur mes pas pour défendre mes magasins et couvrir le pays de ces environs. Le 3 de ce<11> mois, je tombais dans leurs cantonnements, je les obligeais à se replier au delà de la Saale et leur enlevais le poste de Weissenfels; après quoi, nous avons passé la rivière, nous sommes marchés à eux le 4, mais, leur poste étant trop fort pour être attaqué, nous avons voulu les tourner. Le 5, ils sortirent de leur poste, et ils ont été battus. Ils y ont perdu 8 généraux, 206 officiers, 4500 hommes, 62 canons, 15 étendards, deux paires de timbales et 7 drapeaux; leur déroute a été si considérable que les trois quarts ont jeté leurs armes. Je reviens de la poursuite, et je ne les ai quittés qu'auprès d'Erfurt. J'ai cru peut-être que cette nouvelle pourrait ne point être désagréable à Votre Majesté.
Le duc de Richelieu avait renforcé cette armée de 20 bataillons et de 16 escadrons, elle était forte en tout de 62,000 hommes. A la nouvelle de cette bataille, les Français se sont retirés avec précipitation du pays de Halberstadt, et je laisse à juger à Votre Majesté des suites que cela pourrait avoir, si l'on saisissait le moment pour en profiter. Les Autrichiens ont mis le siège devant Schweidnitz, j'y marche incontinent pour y apporter du secours et pour nettoyer en passant la Lusace.
Le maréchal Lehwaldt arrivera dans huit jours à Stettin,11-1 et je ne doute pas qu'il n'expulse en peu le11-2 pays des Suédois qui l'ont infecté.
M. Mitchell m'a dit que Votre Majesté souhaitait que le prince de Brunswick se mît à la tête de Son armée;11-3 je le fais partir incontinent, très persuadé que, si l'on agit d'abord dans la circonstance présente, on en retirera le plus grand avantage. Je fais des vœux pour la prospérité de Votre Majesté, étant avec la plus haute estime, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère
Federic.
Nach der Ausfertigung im Königl. Staatsarchiv zu Hannover. Eigenhändig.
11-1 Vergl. Nr. 9497.
11-2 Sic.
11-3 Vergl. Bd. XIII, 609; XIV, 550; XV, 467.