9510. RELATION.26-4
Vers le commencement de septembre, l'armée de l'Empire et le corps du prince de Soubise s'assemblèrent à Erfurt, pour pénétrer en Saxe et se rendre maître de l'Elbe. Sur ces mouvements, une partie de l'armée du Roi marcha sur Naumburg; nos troupes légères eurent<27> en chemin quelques rencontres avec celles des ennemis27-1 et remportèrent sur elles de grands avantages. L'armée passa la Saale à Naumburg et se porta sur Buttelstedt. Ce fut dans ces temps que la convention de Bremervœrde fut signée entre les Français et l'armée hanovrienne.27-2 Les troupes du duc de Richelieu pénétrèrent dans la principauté de Halberstadt, où le prince de Brunswick fut détaché. Il nettoya le pays et enleva un des quartiers français à Egeln, où on leur fit 20 officiers et 400 prisonniers. Aux approches de la grande armée de France, le prince de Brunswick prit son quartier à Wanzleben,27-3 d'où il leur pouvait rendre la subsistance difficile.
L'armée du Roi avança sur Erfurt, d'où les ennemis se retirèrent; on les poussa jusque dans les montagnes d'Eisenach. Nous avions un poste avancé de dragons et de hussards à Gotha. Le prince de Hildburghausen marcha avec un gros corps pour l'en déloger, à quoi il ne put réussir et fut obligé de se retirer avec perte de quelque monde.27-4
Les armées restèrent dans cette situation jusqu'à la fin d'octobre qu'un corps de Hongrois [entra] par la Lusace dans l'électorat de Brandebourg.27-5 On croyait ce corps suivi de celui du général Marschall. Le prince d'Anhalt fut détaché pour s'y opposer, et le Roi s'avança jusqu'à Annaburg, pour les prendre à dos. Cette expédition de l'ennemi se borna à tirer des contributions, que l'approche du prince d'Anhalt les empêcha de recueillir entièrement. Pendant qu'une partie de l'armée accourait au secours de l'électorat, le maréchal Reith se replia avec le reste sur Leipzig.
L'armée des ennemis jugea ce moment favorable pour exécuter le projet qu'elle méditait depuis longtemps; elle avança par cantonnements tant par Naumburg et Zeitz que par Weissenfels, à dessein de s'emparer de tout le cours de la Saale, de Leipzig et de nos magasins de Torgau.27-6 Notre armée eut ordre de s'assembler à Leipzig. Ceux de la Lusace et ceux du pays de Magdeburg y arrivèrent tous le 26 d'octobre. Le 31, toute l'armée se mit en marche pour tomber dans les quartiers des ennemis. On fit quelques prisonniers, mais on ne put arriver qu'à Lützen.
Le lendemain, à la nouvelle que les ennemis se retiraient de tous côtés, le Roi marcha avec l'avant-garde à Weissenfels. La ville, défendue par des Bavarois et troupes des Cercles, fut aussitôt attaquée et forcée, mais l'ennemi, pour y couvrir sa fuite, brûla le pont de la Saale.27-7 Nous fîmes à peu près 300 prisonniers sur l'ennemi; il parut alors que l'ennemi avait dessein de nous disputer le passage de la Saale. Les troupes de l'Empire se campèrent au delà de cette rivière, vis-à-vis de Weissenfels,27-8 et prirent des postes derrière des enclos de vigne et dans<28> des cassines, pour nous empêcher de rétablir le pont brûlé. Us tirèrent un cordon le long de la rive gauche de la rivière, et le maréchal Keith, qui avançait avec le gros de l'armée sur Merseburg, y trouva le pont brûlé et la ville occupée par 14 bataillons français, en même temps qu'un détachement français avait brûlé le pont de la Saale proche de Halle. Le Maréchal marcha avec un détachement à Halle et y rétablit le pont, ce qui obligea les ennemis d'évacuer tous les postes qu'ils avaient au delà de cette rivière, et de se retirer au village de Saint-Mücheln. Nous refîmes aussitôt les ponts et passâmes la rivière à Halle, Merseburg et Weissenfels. Ces trois colonnes se joignirent le même jour au village de Rossbach. Le Roi fut reconnaître le camp de l'ennemi, et comme on le trouva attaquable par sa droite, il fut résolu d'y marcher le lendemain.
Le 4, on se mit en devoir d'exécuter ce projet. La cavalerie avait l'avant-garde. En arrivant sur les hauteurs où l'on avait reconnu la veille, on trouva le camp ennemi changé de position; non seulement il faisait front à notre armée, mais il était couvert sur son front d'un ravin considérable. Sa droite était sur une hauteur dans des bois fortifiés par trois redoutes et d'abatis d'arbres. On ne jugea pas l'attaque de ce poste convenable. L'infanterie se campa, et la cavalerie se retira de même dans le camp. L'ennemi, voyant qu'il n'allait point être attaqué, fit sortir de son camp quelque détachement et fit tirer quelques coups de canon sur notre cavalerie qui furent presque sans effet.
Le 5 au matin, nous fûmes informés que l'ennemi faisait un mouvement vers sa droite, et nous apprîmes par nos coureurs que toute l'armée était en marche. Sur le midi, on aperçut les têtes de ses colonnes sur l'extrémité de notre gauche, et l'on ne voulut prendre aucun parti, avant que d'être plus assuré des vues qu'il pouvait avoir. A 2 heures de l'après-midi, on vit qu'il avait dessein de tourner notre gauche, et que sa marche se dirigeait du côté de Merseburg. Sur quoi, notre armée se mit en bataille et par un demi-tour à gauche côtoya celle de l'ennemi. Nous gagnâmes les hauteurs dont notre cavalerie sut si bien profiter qu'elle prit celle des ennemis en flanc et, après quelques charges, la dissipa entièrement. L'infanterie gagna le village de Reichertswerben où elle s'appuya, et comme nous vîmes que l'infanterie française formait des colonnes et se mettait en bataille pour nous attaquer, on marcha sur elle. Le combat ne dura qu'une heure et demie. Nous n'avons eu que 6 bataillons de notre gauche d'engagés, et après avoir poursuivi les fuyards jusques au delà de [Burgwerben],28-1 la nuit nous empêcha de profiter de la victoire.
Le lendemain, l'armée est marchée sur Freiburg. Le 7 un gros détachement a passé la Saale et s'est avancé jusqu'à Eckartsberga;28-2 le 8 et le 9, on poursuivit les fuyards jusqu'à Erfurt. Nous avons 8 gé<29>néraux français, 206 officiers de tout grade, 4300 prisonniers,29-1 62 canons, 15 étendards, 2 paires de timbales et 7 drapeaux. De notre part, le colonel Priegnitz29-2 a été tué, le prince Henri, les généraux de Seydlitz et de Meinecke blessés légèrement, et notre perte entre morts et blessés ne monte pas entièrement à 300 hommes.
Nach der eigenhändigen Aufzeichnung des Königs.
26-4 Vergl. hierzu Nr. 9500 und 9509.
27-1 Vergl. Bd. XV, 340. 344. 345.
27-2 Die Convention von Zeven. Vergl. Bd. XV, 489.
27-3 Vergl. Bd. XV, 387. 388. 443-
27-4 Vergl. Bd. XV, 358—360.
27-5 Vergl. Bd. XV, 493.
27-6 Vergl. Bd. XV, 460. 461.
27-7 Vergl. Bd. XV, 469.
27-8 Vergl. S. I.
28-1 Vom Könige offen gelassen, in der Kanzlei hinzugesetzt.
28-2 Vorlage: jusqu'au Ekersberg, vergl. S. 10. Anm. 3.
29-1 Eichel änderte in der Abschrift 206 in 250, 4300 in 6000. Vergl. S. 26 u. Nr. 9511. Diese neuen Zahlen wurden in die Drucke Übernommen.
29-2 Vergl. Bd. XIII, 442. 600.