9523. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

Torgau, 15 novembre [1757].

Ma très chère Sœur. J'ai reçu votre lettre, ma chère sœur, et j'y réponds le mieux qu'il m'est possible. Les temps et les circonstances ne nous favorisent guère, et je crois que le meilleur parti est de se tenir tranquille, d'approfondir les choses et d'attendre. Pour moi, je m'en vais faire le chevalier errant d'un autre côté et m'éloigner de beaucoup<37> de vous. S'il y a moyen de vous donner de mes nouvelles, je le ferai; mais cela deviendra bien difficile. Après vous avoir écrit de Leipzig,37-1 il s'est trouvé que nos avantages se sont fort accrus. Outre les 8 généraux français, nous avons 256 officiers et passé 6000 hommes de prisonniers.37-2 Je crois que cette journée vaudra une poudre blanche à Versailles, et que du moins cela humiliera un peu l'insupportable hauteur que ces gens commençaient à afficher. Si la fortune daignait m'accompagner jusqu'à la fin de janvier, je croirais peut-être pouvoir redresser entièrement mes affaires; mais sans la fortune, en vérité, on ne fait rien. Dès qu'il y aura quelque chose d'éclairci dans cet obscur avenir, je ne manquerai pas de vous en informer, quoique je suppose que vous en apprendrez quelque chose par la Bohême, et plus tôt que mes lettres, par un long circuit, ne vous arriveront.

Adieu, mon aimable, ma chère, ma divine sœur, je vous embrasse mille fois en vous recommandant les plus grands soins pour votre santé et pour votre conservation, étant avec la plus vive tendresse et la plus haute estime, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



37-1 Nr. 9500.

37-2 Vergl. auch hierzu von dem selbigen Tage das Schreiben des Königs an den Marquis d'Argens in den: Œuvres Bd. XIX, S. 45.