9588. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.
Auprès de Breslau, 13 décembre 1757.
Ma très chère Sœur. Je vous envoie une pièce authentique94-2 par laquelle vous pourrez voir clair dans les projets de mes ennemis, des vôtres et du repos de l'Europe. Si je suis assez heureux de faire la digue contre le torrent prêt à tout submerger, ce sera un grand bonheur. Les deux jours du 5 de novembre et du 5 de décembre auront un peu dérangé ce plan, mais je crains fort que ce sera à recommencer l'année prochaine.
Nous assiégeons la capitale de la Silésie, je n'ai point encore toute l'artillerie qu'il me faut pour dompter l'opiniâtreté de l'ennemi; cela arrivera dans peu de jours, pourvu qu'il ne gèle pas.
Vous pouvez compter que les Autrichiens ont perdu au delà de 30,000 hommes. Nous avons actuellement 21,500 prisonniers; ils ont laissé 4000 morts sur le carreau; 3000 déserteurs ont passé l'Oder [sur] le chemin de la Pologne, et il y en a plus de 1500 qui courent ici le pays. Nous avons 116 canons, 310 officiers et 51 drapeaux et étendards, outre près de 4000 chariots de bagage. Veuille le Ciel que nous voyons bientôt la fin de nos embarras!
Adieu, ma chère, ma charmante sœur, conservez vos jours, je vous en conjure! La seule consolation, la seule espérance qui me reste, est de vous embrasser, avant de mourir, et de vous assurer de la haute estime, de la tendresse et de la reconnaissance avec laquelle je suis, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
94-2 Eine in italienischer Sprache abgefasste Mittheilung, betitelt: „Il mistero dell' allianza e dell' unione perpétua conchiusa con la corte di Vienna e di Versalies per il Signor Marchese di Estrées et per il Duca di Broglie passando da Vienna per andare alla Corte di Polonia.“