9594. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE A LEIPZIG.
Au quartier de Dürrgoy, 16 décembre 1757.
Mon très cher Frère. J'avais à peine dépêché le courrier pour vous porter la lettre que je vous ai faite aujourd'hui,97-2 que Puttlitz m'apporta celle que vous m'avez écrite le 10 de ce mois.97-3 J'avoue que je ne comprends rien à ce que le prince Ferdinand de Brunswick demande au sujet d'un train de grosse artillerie de Magdeburg, et pour faire avancer des troupes du côté de Halberstadt, n'ayant rien concerté ni arrangé avec lui sur tous ces points-là. Je ne vois même de la possibilité de le seconder avec ce train d'artillerie, vu qu'il n'y a ni attirail, ni valets, ni canonniers assez, pour lui mener ce train, ainsi que tout ce que je pourrai faire, c'est de faire avancer les 3 régiments de la garnison ci-devant à Wésel,97-4 avec quelques pièces de grosse artillerie, pour que le prince Ferdinand s'en puisse servir, le cas le demandant.97-5 Mais, comme vous observez très bien, mon cher frère, que l'ennemi est encore en force du côté de Halberstadt, il faut bien de toute<98> nécessité qu'avant que ces 3 régiments susdits s'avancent, l'ennemi s'éloigne préalablement des frontières de Halberstadt, pour ne pas attirer les forces de l'ennemi dans mes propres provinces; ce que vous ne manquerez pas de répondre audit Prince. Quant à vous, il est bien sûr que vous ne saurez point vous dépouiller de ce que je vous ai laissé de troupes dans vos contrées.
Dans le cas que les susdits 3 régiments de Wésel s'avancent, vous aurez la bonté d'écrire au prince héréditaire de Hesse-Cassel en mon nom que je lui confiais la place de vice-gouverneur à Magdeburg, où il resterait en l'absence du prince Ferdinand, pour y avoir soin de la sûreté de la forteresse. Il convient que je prenne cet expédient pour tranquilliser le prince héréditaire98-1 et prévenir tout inconvénient qui pourrait naître, supposé qu'il voudrait prétendre au commandement des 3 régiments mentionnés, quand il faudrait qu'ils marchassent en avant.
Pour ce qui regarde le comte d'Armentières, vous vous souviendrez de ce que j'ai déclaré au comte de Mailly, quand il me fit la même demande que lui;98-2 de sorte que vous aurez la bonté de lui répondre en termes bien polis que je ne saurais envisager les troupes françaises qu'en auxiliaires de la reine de Hongrie, qui en avaient agi comme telles, moi n'ayant directement rien à démêler avec la France; et comme ladite princesse avait interrompu le cartel établi entre moi et elle, en refusant l'échange des prisonniers de guerre réciproquement faits en conséquence de ce cartel, je ne saurais aussi, de ma part, me prêter à aucun échange particulier, sinon à un échange général réciproque de tous prisonniers, et quant au cartel que le susdit comte a prétendu alléguer, il faut bien que je vous dise pour votre direction que ce cartel n'a jamais pris consistance, vu que ni le prince Ferdinand, ni le maréchal duc de Richelieu ne l'ont jamais signé, ni approuvé, et que d'ailleurs il n'ait pas été ratifié par moi ou par la cour de France.98-3 Je suis avec ces sentiments de la parfaite estime que vous me connaissez, mon chei frère, votre bon et très affectionné frère
J'ai tant à faire, mon cher, qu'il m'a été impossible de vous écrire moi-même.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
97-2 Vergl. Nr. 9593.
97-3 In der Vorlage: „5 de ce mois“ .
97-4 Vergl. Bd. XV, 238. 280. 489.
97-5 Vergl. auch S. 52.
98-1 Vergl. S. 21.
98-2 Vergl. Nr. 9504.
98-3 Vergl. S. 16.