9608. AU DUC RÉGNANT DE BRUNSWICK.106-4
Près de Breslau, 19 décembre 1757.
Monsieur mon Frère et Cousin. Votre Altesse connaît trop les vrais sentiments de mon cœur et toute l'étendue de mon amitié la plus invariable envers Elle, pour que je ne dusse pas me natter qu'Elle ne voudrait permettre que je m'ouvrisse envers Elle sur une affaire de la dernière conséquence, et qui intéresse également la bonne cause commune et Sa propre dignité, tout comme les liaisons étroites dans lesquelles j'ai toujours eu la satisfaction de vivre avec Elle. J'ai appris la résolution que Votre Altesse a prise de vouloir rappeler Ses troupes de l'armée des alliés,106-5 et je crois pouvoir aisément comprendre les raisons qui L'ont conduite à faire une pareille déclaration. Qu'Elle me permette de Lui représenter l'inconvénience de cette résolution qui, à tous égards, ne saurait être que très préjudiciable à la bonne cause commune et à Ses propres intérêts, tout comme à ceux de Sa maison. Elle Se souviendra combien Ses États ont souffert de l'injuste oppression de nos ennemis communs, et Elle jugera par là Elle-même ce qu'Elle aura encore à souffrir, si jamais Elle Se livrera entièrement à la discrétion des gens qui, jusqu'à présent, n'ont marqué la moindre considération pour tout ce qu'il y a des princes les plus respectables en Allemagne, et qui ne connaissent d'autre règle que leur volonté absolue. Si jamais Votre Altesse Se sera dépouillée de Ses troupes en les séparant de celles avec lesquelles combinées elles se soutiennent, et en les voyant désarmées et pour ainsi dire anéanties, quels égards les susdits gens conserveront-ils pour Votre Altesse? au lieu que, si le Ciel bénit les entre<107>prises que l'armée alliée a commencées, il faut se flatter que Ses États, tout comme ceux de Ses voisins, seront bientôt délivrés d'une oppression dont il n'y a d'exemple. Je ne veux point excuser ce qui s'est passé à l'occasion de la convention faite à Kloster-Zeven,107-1 je crois l'indication que Votre Altesse en a conçue, juste, mais nos ennemis ne sontils pas contrevenus eux-mêmes à plusieurs points de cette malheureuse convention? Je n'entre point dans des détails là-dessus, mais comme Votre Altesse a soutenu avec une fermeté qu'on ne saurait assez admirer, tout le mal qu'on Lui a fait, je me persuade qu'Elle ne voudra pas reculer à présent, et dans un instant où la mauvaise fortune que nous avons tous essayée, sera apparemment corrigée par d'heureux succès de nos armes. Elle ne voudra d'ailleurs y exposer Son prince héréditaire d'être retenu avec tout ce qu'il a de troupes sous ses ordres, contre leur gré, selon le droit et la raison de guerre.
Votre Altesse pense trop bien pour ne pas sentir tous les inconvénients qui nécessairement en résulteraient, si Elle voulait abandonner et, si j'ose le dire, sacrifier dans ce moment critique ce qu'Elle a et aura toujours de véritables amis, et, quant à moi, je suis charmé d'avoir l'occasion de Lui renouveler les sentiments de considération, d'estime et de l'amitié avec lesquels je serai à jamais, Monsieur mon Frère et Cousin, de Votre Altesse le bon frère et cousin
Federic.
P. S.
C'est à présent le moment de tenir bon, où nos affaires prennent une face avantageuse pour vos intérêts, pour votre gloire et pour votre honneur. Il ne faut pas vous démentir. Si votre fils vous désobéit, c'est à ma seule persuasion,107-2 et jetez-en toute votre colère sur moi; car je l'ai assuré que tout ce que vous lui écriviez, n'était que grimace, que vous vouliez être désobéi, et que je me chargeais de tout. J'en fais mon affaire, et je le prends ouvertement sous ma protection.
Nach dem Concept. Der Zusatz nach Abschrift der Cabinetskanzlei.107-3
106-4 Der Herzog befand sich zu dieser Zeit in Blankenburg.
106-5 Vergl. S. 72. 99.
107-1 Vergl. Bd. XV, 489.
107-2 Vergl. S. 99.
107-3 In der nicht mehr vorhandenen Ausfertigung war der Zusatz eigenhändig.