9678. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A BRESLAU.
[Breslau, janvier 1758.]
Voici, mon cher Monsieur Mitchell, le résultat de quelques bouffées de politique qui me sont montées à la tête.160-5 Je ne sais si elles valent la peine d'être envoyées à votre cour; je crois que ces réflexions se sont présentées à vos ministres tout comme à moi, et que tout le monde comprend que, [dans] la guerre la plus animée que l'Europe ait vue de longtemps, où la plus faible partie de l'Europe est obligée de lutter avec la plus considérable, il convient que tout soit nerf et vigueur de<161> la part des plus faibles, il nous convient de faire usage de tout, pour résister au nombre et prévenir les sinistres desseins de nos ennemis, il ne faut ni membre paralytique ni engourdi dans notre alliance. Notre cause est celle de tous les souverains : il s'agit de sauver la liberté du genre humain; notre intérêt nous y porte, mais bien plus la gloire de résister à ce que le monde connaît de plus formidable. Après tout, si l'Angleterre seconde dans cette occasion présente ses alliés d'Allemagne, elle ne fera que suivre le chemin que la reine Anne, le roi Guillaume et la saine politique anglaise a tenu de tout temps; le chemin est tout tracé, il n'y a qu'à le suivre, et j'ose y ajouter que c'est le seul pour se tirer avec honneur et gloire du mauvais pas où nous sommes engagés.
J'abandonne le reste à vos propres réflexions, à votre bon sens, à votre zèle pour la gloire et l'avantage de la nation respectable dont vous êtes le ministre, et je ne doute point que le commentaire que vous voudrez bien ajouter à ce texte, ne lui soit infiniment préférable.
Adieu, mon cher, à vous revoir demain.
Federic.
Nach der Ausfertigung im British Museum zu London. Eigenhändig.
160-5 Als Beilage übersandte der König eine Abschrift der unter Nr. 9679 gegebenen Denkschrift.