9738. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Breslau, 30 janvier 1758.
Monsieur mon Cousin. La lettre que vous avez bien voulu prendre la peine de me faire du 25 de ce mois, m'a été fidèlement rendue. Votre Altesse connaît mes sentiments de l'amitié la plus sincère et la plus constante pour Elle, et combien je m'intéresse à tout ce qui peut augmenter votre réputation acquise dans le monde; mais ne voudrezvous pas me permettre de me confirmer dans le sentiment où j'ai toujours été, qu'un général commandant des troupes, tel qu'il soit, qui perd du temps, perd beaucoup?
Selon moi, il aurait fallu que, lorsque vous fûtes à Celle,211-1 vous eussiez agi contre l'ennemi, d'autant plus que, le même jour que votre armée marcha en arrière, Harburg se rendit,211-2 et que vous n'auriez dû voir de si près sur plusieurs minuties. Au surplus, je vous prie de ne pas compter sur un plus grand secours de ma part que sur celui dont je vous ai déjà écrit par mes lettres antérieures,211-3 tel qu'il est et en quoi il consiste.
A présent, je crois le duc de Richelieu 5 à 6000 combattants plus faible que vous. Dans l'intervalle d'un mois, il peut être plus fort et en deux mois le double plus fort. J'ignore, cependant, la véritable situation où vous vous trouvez.
Au reste, je vous supplie de vous servir du prince de Holstein-Gottorp, quand il vous aura joint avec son corps de dragons et de hussards, de la manière que je vous l'ai déjà demandé,211-4 savoir pour les avant-gardes, où il agira avec ses dragons excellemment. Mais, dans un jour de bataille, vous vous en servirez pour la réserve, afin que, si quelque chose allait mal à l'armée, il puisse d'abord le redresser; mais mêler ses dragons avec d'autres troupes, voilà ce qui réussira toujours bien mal. Je suis avec ces sentiments que vous me connaissez, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon et très affectionné cousin
Vous m'accusez d'impatience! Ce n'est pas cela; mais je crains que, dans un mois, ce qui est facile ou possible aujourd'hui, ne devienne impraticable; je crains ce que pourraient faire vos ennemis, s'ils sont sages, et tout cela me fait juger qu'il n'y a pas un moment à perdre. Les Russes sont à Kœnigsberg,211-5 autre belle nouvelle pour moi! Enfin,<212> je me persuade pourtant que, si vous aiguillonnez vos pleutres, que vous en tirerez parti, non pas par la bonté intrinsèque, mais par le nombre, la seule façon dont vous puissiez les mettre en œuvre.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.
211-1 Vergl. S. 115. 134.
211-2 Vergl. S. 153. 167.
211-3 Vergl. Nr. 9685. 9728.
211-4 Vergl. S. 204.
211-5 Am 22. Januar wurde Königsberg von den Russen besetzt.