9751. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.
Breslau, 3 février 1758.
Ma très chère Sœur. Vos lettres me font toujours un sensible plaisir, m'assurant la continuation de votre bonne santé; je souhaite qu'elle continue toujours de même, et que les inquiétudes ne l'altèrent pas. Pour à présent, ma chère sœur, il n'est question que de se reposer. Ma sœur Amélie est repartie aujourd'hui pour Berlin, ma sœur de Schwedt va beaucoup mieux,222-7 elle a eu une espèce d'hydropisie, mais le danger est presque passé.
Il est certain que la guerre continuera cette année,222-8 il faut se préparer à tout et ne se point laisser démonter par toutes les dangereuses apparences qui certainement se présenteront du commencement. Enfin,<223> ma chère sœur, mettons encore cette année sous le nombre de celles d'épreuve, par lesquelles nous sommes obligés de passer, il faut prendre son parti sur tous les évènements de la vie et en attendre l'arrivée patiemment. Ne vous embarrassez pas des princes de l'Empire, leurs troupes ne feront pas grand mal; peut-être que les Français feront plus de bruit que de besogne, comme c'est leur ordinaire. Les Russes sont venus en Prusse. Tout cela, il est vrai, est fâcheux et triste, mais il en faut voir la fin et devenir aussi bon stoïcien que Zénon. Voilà tout ce qui nous reste.
Je prends la liberté de vous envoyer une médaille223-1 frappée à Berlin à l'imitation de celle des Autrichiens. Si ces gens n'avaient pas poussé l'insolence à ce point, je n'aurais jamais souffert que l'on eût frappé une pareille médaille.
Je vous prie, ne pensez pas à la mort, mais conservez-vous pour votre famille qui vous chérit, pour un frère qui vous adore, et qui ne respire que pour vous. Ce sont les sentiments avec lesquels je serai jusques au dernier soupir de ma vie, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
222-7 Vergl. S. 157.
222-8 . In einem Schreiben an Lord Marschall, d. d. Breslau 3. Februar, äussert der König: „Il y a beaucoup de choses en arrière bien difficiles à surmonter encore, de sorte que vous vous représenterez bien qu'il faudra peut-être faire et achever une campagne entière, avant que d'avoir tout fini.“ Ein folgendes Schreiben an Lord Marschall vom 7. Februar vergl. in den: Œuvres Bd. XX, S. 268.
223-1 Vergl. Anm. 6 S. 222.