9767. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
[Breslau,] 10 [février 1758].
Mon cher Frère. Je vois avec plaisir les petits avantages que vos officiers remportent sous vos auspices sur les Français.236-2 Quoique cela ne décide pas de la guerre, il en résulte deux avantages considérables : le premier, que nous nous faisons craindre des Français, le second, que vos mouvements attirent leur attention; et quand même vous ne feriez que les amasser, c'en est assez pour faciliter au prince Ferdinand son expédition, qui est la principale, et qui influera prodigieusement sur le sort de la campagne prochaine.
Je n'aurais pas cru, à la vérité, ces régiments de Wésel236-3 si mauvais; mais un bon ouvrier fait avec de236-4 mauvais outils de bon ouvrage. Le Ciel, qui vous a donné du talent et du génie, vous les a départis, pour que vous fissiez des choses plus difficiles que les autres. J'ai la meilleure confiance du monde en tout cela, et quoique vous n'y jouiez pas le premier rôle, vous aurez de quoi vous dédommager le printemps. Conservez seulement votre santé, et pourvoyez-vous de gaîté, s'il est possible, durant notre fortune maudite; car plus l'esprit est libre et mieux l'on agit.
Adieu, mon cher frère, ne m'oubliez pas; et soyez persuadé de la parfaite estime et tendresse avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
236-2 Vergl. Nr. 9757-
236-3 Vergl. S. 97.
236-4 Vorlage „des mauvais“ und „du bon“ .