9775. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A BRESLAU.

Breslau, 13 février 1758.

Monsieur. En conséquence d'un ordre que le Roi mon maître vient de me donner, j'ai l'honneur de vous adresser à la suite de cette lettre trois pièces originales245-2 que M. le chevalier Williams a bien voulu confier sous le dernier secret au résident Hecht à Hamburg, pour les communiquer au Roi et supplier Sa Majesté de vouloir bien les lui renvoyer, soit par le canal dudit sieur Hecht, soit par celui de M. Michell à Londres, son but n'étant que de faire voir au Roi par ces originaux à quel point de maturité — à ce qu'il s'est expliqué lui-même — il avait amené les affaires en Russie, et tout ce qu'on avait lieu de se promettre des dispositions où il avait mis les choses, au cas que certain évènement arriverait.

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Comme le Roi voudrait que ces originaux, pour leur singulière importance, fussent remis au susdit chevalier plutôt par Votre Excellence que par aucune autre personne, pour ne pas être exposés à des indiscrétions ou à d'autres accidents, si ces originaux ne fussent remis avec de la précaution, dont il saurait résulter bien des inconvénients aux illustres personnes qui les ont écrits, — je m'acquitte de ce que le Roi m'a ordonné là-dessus, ne doutant pas que Votre Excellence ne voudra avoir attention à ce que Sa Majesté désire à ce sujet. Je suis avec cette haute estime et cet attachement que vous me connaissez, Monsieur, de Votre Excellence etc.

Eichel.

Le 19 août 1757.

J'ai pris la résolution de vous écrire, ne pouvant pas vous voir, pour vous faire mes adieux.246-1 Les regrets les plus sincères accompagnent celui que je regarde comme un de mes meilleurs amis, et dont la conduite s'est attiré toute mon estime et mon amitié. Je n'oublierai jamais les obligations que je vous ai; pour vous en récompenser d'une manière conforme à la noblesse de vos sentiments, voici ce que je ferai. Je saisirai toutes les occasions imaginables pour ramener la Russie à ce que je reconnais pour son vrai intérêt, qui est d'être liée intimement à l'Angleterre, de donner à celle-ci, par tous les secours humains, l'ascendant qu'elle doit avoir pour le bien de toute l'Europe et plus en particulier pour celui de la Russie sur leur ennemie commune la France, dont la grandeur est la honte de la Russie. Je m'étudierai à mettre en usage ces sentiments, j'en bâtirai ma gloire et en prouverai la solidité au Roi votre maître. Je suis bien aise que le bien de la Russie m'oblige à pouvoir m'acquitter envers l'Angleterre des obligations personnelles que j'ai à Sa Majesté, dont je conserverai le souvenir avec la plus vive reconnaissance. Je vous prie confidemment, Monsieur, d'arranger pour le mieux ce dont vous êtes instruit. Soyez persuadé qu'une des choses du monde que je souhaite le plus, c'est de vous ramener ici en triomphe; j'espère qu'un jour le Roi votre maître ne me refusera pas la grâce que je lui demanderai de vous revoir, il ne lui en reviendra que du profit. Je suis avec une considération toute particulière, Monsieur, de Votre Excellence

la très dévouée amie

Caterine.

Mardi.246-2

Monsieur. Je suis au désespoir d'être privée du plaisir que j'aurais eu à vous voir, à vous parler en liberté. Votre amitié désintéressée pour moi et pour le G, D.246-3 est sans exemple; mon cœur est ulcéré par la dureté du traitement que vous essuyez, mais aussi ma plus vive reconnaissance pour vous sera éternelle. Puissent des temps plus heureux me permettre de vous la prouver dans toute son étendue! Elle égale — et c'est tout dire — les obligations que je vous ai, et l'estime infinie qui est due à la beauté de votre caractère. Adieu, mon meilleur, mon cher ami!246-4

Le 19 août 1757.

Monsieur. Je regrette infiniment de n'avoir pas eu le plaisir avant votre départ de vous dire de bouche combien, par votre mérite et votre conduite, vous vous êtes attiré mon estime. Je vous remercie et ne doute point de votre attachement à mes<247> intérêts; ils sont liés à ceux du roi d'Angleterre de plus d'un côté. J'espère que l'ennemi commun des deux royaumes s'en ressentira un jour; je suis bien aise de voir que vous me rendiez justice sur ce point. Je vous prie de vous intéresser auprès du Roi votre maître de ma part pour Swallow,247-1 c'est un digne et fidèle sujet. Je vous en aurai une obligation très particulière, étant avec une considération très distinguée, Monsieur, de Votre Excellence

le très affectionné ami

Pierre.

Das Schreiben Eichel's sowohl wie die beiden der Grossfürstin Katharina und dasjenige des Grossfürsten Peter nach den eigenhändigen Ausfertigungen im British Museum zu London.



245-2 Zwei Schreiben der Grossfürstin Katharina und ein Schreiben des Grossfürsten Peter an den bisherigen englischen Gesandten in Petersburg, Charles Williams.

246-1 Ueber Williams' Fortgang aus Petersburg vergl. S. 85.

246-2 D. i. der 19. August 1757 nach russischem (julianischem) Kalender.

246-3 Grand-Duc.

246-4 Dieser zweite Brief der Grossfürstin ist ohne Unterschrift.

247-1 Sic. Vielleicht für Schuwalow verschrieben. Näheres über den Schützling des Grossfürsten ist nicht angegeben.