9807. A LA PRINCESSE GOUVERNANTE DES PROVINCES-UNIES A LA HAYE.
Breslau, 2 mars 1758.
Madame. Les marques de souvenir qu'il plaît à Votre Altesse Royale de me donner, me sont d'autant plus agréables que j'en connais tout le prix, et que je ne désire que de trouver l'occasion de Lui en témoigner ma reconnaissance. Il serait fort à souhaiter que quelques rayons lumineux dissipassent les brouillards qui couvrent l'Europe en bien des endroits; mais, Madame, il me paraît que la situation actuelle des choses, vu comme chaque État se trouve hors de son assiette et hors de sa position naturelle, que ce nœud gordien ne pourra être dénoué que par l'épée; et cette espèce de Fortune qui préside aux évènements de la guerre, entraînera probablement avec elle ceux que leur incertitude ou leur timidité ont tenus en suspens. Il faut espérer qu'après le délire violent où l'Europe se trouve, et après les fortes hémorrhagies qu'elle a eues, le bon sens reviendra enfin, et qu'alors, honteuse des fureurs où elle s'est portée, elle pensera à une paix raisonnable et nécessaire pour le bien de l'humanité; mais là voici à la veille d'un nouvel accès, et il paraît que les transports au cerveau seront aussi violents qu'au précédent.
Mais, je ne sais, Madame, de quelles folies je m'avise de vous entretenir; je vous en demande million d'excuses, vous priant d'être persuadée des sentiments de la haute estime et de la considération avec laquelle je suis, Madame, de Votre Altesse Royale le fidèle frère, cousin et serviteur
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.