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auxquelles je m'en tiens; mais je prie en même temps Votre Altesse d'envisager l'état fâcheux dans lequel je me trouve actuellement en butte aux forces des Russes, des Suédois, des Autrichiens et de l'armée des Cercles. Je viens d'apprendre aujourd'hui par une lettre de Halberstadt, du président de la chambre Pfuel, que 2000 Français ont été le 15 de ce mois à Seesen dans le Brunswick, qu'ils ont annoncé des quartiers dans le Goslar, et qu'on parlait d'un camp de 14,000 hommes que Soubise voulait former entre Osterode et Nordheim, et que ce Prince avait voulu surprendre le 15 Clausthal avec 3000 hommes. Si ces avis se confirment, voilà mes provinces de Halberstadt, Hohenstein et en partie le Magdeburg de nouveau menacées d'être envahies par les Français, sans que je saurais fournir assez de troupes pour m'opposer encore de ce côté-là. Faites vos réflexions là-dessus, cher prince, et ne pensez pas tout-à-fait en général anglais, mais aussi en général prussien. Vous voulez garder toujours ma cavalerie auprès de l'armée sous vos ordres; elle ne sert effectivement qu'à couvrir les États d'Hanovre, en attendant que mes ennemis susdits accablent mes États de tous côtés. Les Suédois, qui depuis la bataille de Zorndorf, apparemment pour aider les Russiens par quelque diversion, sont rentrés dans la Marche-Ukeraine, y ont poussé jusqu'à Prenzlau d'où ils ont détaché à Ruppin. Je me suis donc vu obligé de détacher quelques troupes d'ici pour couvrir Berlin que les Suédois menacent.1

Le général Dohna est encore avec son corps d'armée dans la Nouvelle-Marche, pour observer ce qui reste de l'armée russienne à Landsberg-sur-la-Warthe, assez nombreuse encore, malgré les grandes pertes qu'elle a essuyées. L'on vient à la vérité de m'annoncer aujourd'hui que ces Russes avaient pris le parti de se retirer dudit Landsberg, et qu'ils commençaient à en défiler, mais il faut que j'en attende la confirmation du lieutenant-général comte de Dohna.

Quant à moi, ayant rejoint mon armée le 8 de ce mois, je suis marché ici pour presser l'armée autrichienne sous Daun, qui s'est campé entre Stolpen et Bischofswerda, ou pour combattre, ou se retirer en Bohême. Jusqu'à présent, Daun se tient fort boutonné et paraît ne pas avoir envie d'en venir à une affaire décisive. Je joins ci-clos un bulletin2 sur ce qui est arrivé à Laudon, que Daun avait laissé en avant avec 12,000 hommes, pour nous observer et pour couvrir son camp vis-à-vis de nous.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



1 Vergl. Nr. 10319.

2 Nr. 10323.