le ministère de Hesse-Cassel commence à nous donner pour un accommodement séparé. Le général Donop qui est ici, et que j'ai voulu rectifier sur ce sujet, m'a parlé avec beaucoup de franchise et m'a dit qu'il sentait à la vérité que ce serait un mauvais parti, à l'envisager selon les vues politiques, que de se séparer de l'Angleterre, après avoir tenu bon jusqu'ici; mais que le ministère hessois se trouvait dans la situation du monde la plus singulière et la plus critique. Le Landgrave depuis plus d'un an n'y était plus; qu'il avait totalement perdu la mémoire et ne pouvait prendre aucune part aux affaires; que c'était le baron de Hardenberg et lui qui avaient mené la barque jusqu'ici, et qui avaient tenu bon pour le système anglais. Que le pays qui le savait, et qui se trouvait sous l'oppression de l'ennemi, commençait à en murmurer et donnait à entendre que c'étaient les ministres tous les deux étrangers1 qui causaient la ruine de la Hesse, par leur opiniâtreté à ne pas vouloir rappeler les troupes et se prêter aux circonstances, de sorte qu'ils avaient à craindre non seulement les reproches des susdits états du pays, mais encore ceux du Prince héréditaire, qui pourrait bien les rendre responsables de leur conduite, lorsqu'il viendrait à succéder à son père, ce qui ne pourrait guère tarder d'arriver; que, par conséquent, ils seraient obligés de céder à la fin et d'en venir malgré eux et à une démarche qu'ils désapprouvaient euxmêmes, à moins que l'Angleterre ne voulût se prêter au renouvellement du traité de subsides et à la promesse d'un dédommagement à la paix,2 ce qui servirait à les justifier, ou que le Prince héréditaire ne témoignait être content de ce qu'ils avaient fait, et ne les autorisât en quelque manière à persister dans les mêmes principes,“ Ueber die Erneuerung des Subsidienvertrags und die hessischen Entschädigungsansprache hat Finckenstein sofort an Knyphausen und an den Prinzen Ferdinand von Braunschweig geschrieben und beide von dem Stande der Sache unterrichtet. | pour quelque accommodement séparé, en conséquence des propos que le général Donop vient de vous tenir. Tout ce que vous avez fait à ce sujet, a parfaitement mon approbation, et j'applaudis à ce que vous en avez écrit incessamment au baron Knyphausen et au prince Ferdinand de Brunswick. Vous pourrez continuer de même, et cela sans ma participation, et employer tous les moyens pour détourner un si fâcheux coup et pour entretenir ces gens dans la bonne voie. Je suis d'ailleurs content qu'on envoie cet officier du pays de Hesse auprès du prince héréditaire de Cassel que le général Donop connaît pour avoir la confiance du Prince, et par le moyen duquel il croit qu'on lui puisse, le cas existant, faire parvenir les insinuations nécessaires. Enfin, je vous charge de tout ce qu'il convient de faire sur cette affaire, et vous autorise même expressément de faire en ceci si bien que vous l'entendez, sans ma participation. Comme, d'ailleurs, j'avais oublié de vous marquer mon intention sur ce que le baron Knyphausen a mandé par son rapport du 8 de ce mois, dont je ne doute pas que le double ne vous soit déjà parvenu, touchant la confiance que le Roi lui a faite de l'ombrage que la cour de Brunswick lui a donné depuis quelque temps,3 et de ses soupçons sur quelques pourparlers ou négociation secrète de cette cour avec celle de France, je suis bien aise de vous dire encore que vous devez entrer en corre- |
1 Hardenberg stammte aus einer hannoverschen, Donop aus einer westphälischen Familie.
2 Vergl. Bd. XVI, 435.
3 Vergl. Nr. 10338.