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J'espère que la dernière lettre que je vous ai faite du 4 de ce mois,1 vous sera heureusement parvenue — en tout cas, je vous en adresse une copie chiffrée ci-clos —, et elle vous aura mis au fait de mes intentions.

Mais pour que vous soyez également bien au fait de ce qui se passe ici, je suis bien aise de vous dire que le maréchal Daun, après avoir appris mon entrée en Moravie, s'est mis en marche pour passer avec son armée de Bohême vers ici, et qu'il se tirera vers Brünn; qu'il n'a plus que 40,000 hommes à peu près ici vis-à-vis de moi, ayant laissé 20,000 hommes auprès de Trautenau et Nachod, pour y protéger les magasins considérables à Kœniggrætz, de sorte qu'il n'y a au delà de 4 ou tout au plus 6000 hommes de troupes vers la Saxe, ce qui, je crois, facilitera beaucoup votre entreprise, pour la faire réussir entièrement et à souhait. Je pense, d'ailleurs, qu'à cette occasion vous ne ménagerez point du tout l'évêque de Bamberg2 avec les autres malintentionnés et les ferez revenir à la neutralité.

Quand vous aurez dispersé entièrement l'armée des Cercles, ce qui, je pense, sera une expédition de huit jours de temps à peu près, et que vous aurez tiré de grosses contributions du Bamberg et des autres malintentionnés, vous saurez vous tourner d'abord vers la Bohême et marcher tout droit à Prague,3 où sûrement vous ne trouverez pas beaucoup de résistance.

Au reste, il ne faut pas croire que, vu les obstacles des transports difficiles de notre artillerie pesante et de nos vivres, nous aurons fini avec Olmütz avant le 15 du mois de juin. Vous serez persuadé, mon très cher frère, de la haute estime et de l'amitié cordiale avec lesquelles etc.

Federic.

Nach dem Concept.


9986. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.

Littau, 8 mai 1758.

Ma très chère Sœur. J'ai été réjoui aujourd'hui par la lettre que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire. Je vois par les caractères plus fermes que vous vous portez mieux, ce qui m'a causé un sensible plaisir.

De l'endroit où je suis, ma chère sœur, il ne m'est guère possible de vous écrire des nouvelles, sinon que nous prendrons Olmütz, sans livrer bataille.4 Quant au reste, je compte que, dans peu, vous recevrez d'autres nouvelles qui vous feront plaisir.5 Je fais mille vœux pour votre prospérité et pour tout ce qui peut vous être agréable.

Je vous supplie de ne me rien écrire dans quatre semaines qui soit sujet à caution, à cause qu'il pourrait facilement arriver dans la position



1 Nr. 9979.

2 Vergl. S. 4.

3 Vergl. Bd. XVI, 438.

4 Vergl. S. 3.

5 Der König denkt wahrscheinlich an den Einmarsch der Prinz Heinrich'schen Truppen in Franken. Vergl. S. 19.