10149. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Au quartier d'Opotschno, 20 juillet 1758.
J'ai reçu avec toute la satisfaction imaginable les lettres que Votre Altesse m'a faites du 18, 24, 26 et 28 du mois de juin dernier,118-4 et vous félicite très cordialement de tous les succès et de la belle victoire118-5 que Votre Altesse a remportée sur l'ennemi, par la conduite aussi prudente que valeureuse que vous avez tenue pour parvenir a vos fins, ce dont je prends infiniment part, étant persuadé que les suites en seront encore parfaitement heureuses.
Comme, par ma lettre partie en dernier lieu de Kœniggrætz,118-6 je vous ai déjà averti comme quoi les Russiens menaçaient de quelque invasion mes provinces de la Poméranie, de la Nouvelle-Marche ou de la Silésie, j'ai eu des nouvelles en arrivant ici que, malheureusement, ils ont exécuté une partie de leur dessein en tombant avec un gros parti de cosaques et de troupes irrégulières sur des lieux limitrophes<119> de la Poméranie et de la Nouvelle-Marche, et avec un autre sur la Silésie du côté de Guhrau,119-1 qu'ils ont ravagés, en commettant tout ce que la cruauté la plus barbare et presque inouïe a pu inspirer à des gens les plus féroces et insensés; et quoique ces partis se soient retirés après coup des premières susdites provinces, et qu'on les a chassés de la Silésie, j'ai cependant d'autres nouvelles que toutes les troupes russiennes en Pologne s'assemblent du côté de Posen, pour pousser, äoit avec un soit avec deux corps, dans la Nouvelle-Marche du côté de la Warthe, ou en Silésie vers Glogau. Comme, en attendant, le lieutenant-général comte de Dohna avec son corps d'armée, malgré qu'il ait encore à observer les Suédois, s'est mis en marche pour protéger la Nouvelle- et la Moyenne-Marche avec la Poméranie contre les Russiens, en cas qu'ils y viennent en forme,119-2 et moi je serai obligé de prendre, outre l'armée autrichienne que j'ai devant moi, encore celle des Russiens sur mes cornes, supposé, comme il y a toute apparence, qu'ils entreront dans la Silésie, pour combattre l'une ou l'autre qui me viendra la plus proche, Votre Altesse conviendra Elle-même que, dans ces circonstances aussi critiques, s'il en fut jamais, je ne saurais plus me passer de mes dragons et hussards, enfin de cette cavalerie que jusqu'ici je Lui ai laissée parmi les troupes sous Ses ordres.119-3 Vous conviendrez que ce n'est que dans ce seul cas et pour des dangers aussi éminents qui menacent mon pays, que je me vois obligé de rappeler cette cavalerie, que, sans cela, je vous aurais laissée de bien bon cœur encore pendant toute la campagne présente; mais c'est à présent la nécessité indispensable qui me force de la rappeler, tout comme je vous en ai déjà prévenu par ma lettre antérieure à celle-ci,119-4 de sorte que Votre Altesse voudra bien ordonner à cette cavalerie de se mettre d'abord et au plus tôt en marche, pour revenir à nous. Elle voudra d'ailleurs marquer à cette cavalerie la route la plus droite, pour retourner incessamment par le chemin le plus court, soit par la Vieille-Marche soit par le Halberstadt et le Magdeburg, pour passer tout droit vers l'Oder du côté de Schwedt au corps d'armée du lieutenant-général comte de Dohna, auquel, selon mon intention, ils se joindront au plus tôt mieux. Je me flatte que vous en disposerez en sorte que cette cavalerie puisse être dans un temps de quatre semaines à sa présente destination . . .119-5
Federic.
<120>Je vous félicite, mon cher, du fond de mon cœur. Je souhaiterais seulement pouvoir vous donner bientôt de bonnes nouvelles d'ici. Voilà une grosse armée russienne qui se forme du côté de Posen, et Daun est entre Bohdanetsch et Pardubitz; mon armée est à Kœniggrætz, que nous avons pris sans perte, et j'ai pris ce poste pour couvrir ma grosse artillerie et mes 1700 malades que j'ai mis in salvo à Glatz; d'ailleurs attendez-vous à une campagne à peu près pareille à celle de l'année passée.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Der Zusatz eigenhändig.120-1
118-4 Vergl. S. 54. Anm. 3.
118-5 Prinz Ferdinand hatte am 23. Juni die französische Armee unter Clermont in der Schlacht bei Crefeld besiegt.
118-6 Es ist Nr. 10116 gemeint.
119-1 Oestlich von Glogau.
119-2 So in der Vorlage; wohl statt „en force“ .
119-3 Vergl. S. 95.
119-4 Nr. 10116.
119-5 Der Schluss handelt über das Avancement von Officieren, die sich in der Schlacht bei Crefeld ausgezeichnet haben. Der Adjutant des Prinzen, Lieutenant von Bülow (vergl. Bd. XVI, 416), und der Adjutant des Generalmajors Graf Finckenstein, von Homboldt, werden zum Hauptmann bezw. zum Rittmeister befördert. Der Lieutenant von Derenthal vom Regiment des Prinzen wird zweiter Adjutant desselben. Der englische Generalcommissar bei den hessischen Subsidientruppen, von Boyd, hatte um den Orden pour le mérite gebeten; die Gewährung seiner Bitte wird hinausgeschoben.
120-1 Ein deutsches Schreiben, d. d. Opotschno 20. Juli, handelt von den Tafelgeldern des Prinzen.