10176. AU MARGRAVE RÉGNANT DE BAIREUTH A BAIREUTH.
Quartier de Rohenitz, 28 juillet 1758.
La lettre que Votre [Altesse] a pris la peine de me faire du 12 de ce mois,138-2 m'a été fidèlement rendue, et les marques de votre chère<139> amitié, dont vous m'y donnez des nouvelles très convaincantes, m'ont sensiblement touché, ainsi que je vous en ai toute l'obligation imaginable.
Les bonnes intentions que Votre Altesse marque pour le rétablissement de la paix et de la tranquillité publique, ne pourront pas être assez applaudies; mais Elle me permettra de Lui dire, quant au projet à Sa lettre, que, dans la situation où les choses se trouvent présentement, l'on ne saurait guère se promettre que vos bonnes idées auraient tout l'effet désirable. Les deux points les plus principaux entre tous les autres, et qui regardent les grandes raisons qui ont motivé cette guerre, ne s'y trouvent pas touchés, savoir, en premier lieu, les affaires d'Amérique, qui cependant font le principal objet de l'Angleterre, dont je ne saurais abandonner les intérêts ; d'ailleurs, les cessions et les possessions des places de la Flandre que les Français ont obtenues de la cour de Vienne,139-1 ne sont aucunement touchées dans ledit projet, et d'ailleurs j'ai lieu de remarquer qu'on n'y a point songé, ni à ce qui me regarde, ni à ce qui regarde les Russes et les Suédois.
Au surplus, je ne saurais pas me dispenser de vous faire observer que ni moi ni la Reine-Impératrice ne voudrions nous jamais assujettir à un tel arbitrage que le projet propose, qui irait directement contre le droit de tout souverain, qui serait sujet à une infinité d'inconvénients, et auquel aucune puissance souveraine du monde [ne] voudrait donner les mains.
Voilà en peu les considérations que j'ai faites sur le projet mentionné, et les bonnes intentions que je connais à Votre Altesse pour désirer une paix stable et solide, me persuadent qu'Elle les trouvera justes et dignes de Sa réflexion ultérieure.
Federic.
Nach dem Concept.
138-2 Der Markgraf von Baireuth übersendet, Baireuth 12. Juli, dem Könige ein „Projet pour parvenir à une paix générale“ . Den gleichen Plan will er nach Frankreich senden, um zunächst zwischen Preussen und Frankreich eine Friedensunterhandlung einzuleiten. Frankreich soll alsdann die Kaiserin, Preussen die englische Regierung zum Frieden bewegen. Sachsen soll durch Geld oder Land entschädigt, der Westphälische und der Dresdener Friede sollen bestätigt, die über den schlesischen Handel und die schlesischen Grenzen vorliegenden Differenzen sollen geregelt werden. Um den Frieden ewig zu machen, soll die Bestimmung getroffen werden: falls sich eine neue Streitfrage zwischen der Kaiserin von Oesterreich und dem Könige von Preussen oder zwischen den Königen von Polen und Preussen ergebe, so solle der Streit nicht mit den Waffen, sondern vor einem europäischen Schiedsgericht ausgeglichen werden; dieses Schiedsgericht sollen Frankreich, England, Russland und Schweden bilden. Vergl. auch Schäfer i. d. Histor. Ztschr. Bd. XXI, 114 ff.
139-1 Vergl. Bd. XVI, 435.