10356. AU MINISTRE D'ÉTAT ET DE CABINET COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.
Finckenstein berichtet, Berlin 21. September: „Je ne prendrais pas la liberté de faire un rapport à Votre Majesté sur les aifaires dans un temps où Elle a les occupations les plus importantes, si je ne croyais de mon devoir de L'avertir très humblement des justes appréhensions que | Schœnfeld, 23 septembre 1758.263-3 J'ai reçu la lettre que vous m'avez faite du 21 de ce mois, au sujet des appréhensions où vous êtes de ce263-4 que le ministère de Cassel commence à vous donner |
le ministère de Hesse-Cassel commence à nous donner pour un accommodement séparé. Le général Donop qui est ici, et que j'ai voulu rectifier sur ce sujet, m'a parlé avec beaucoup de franchise et m'a dit qu'il sentait à la vérité que ce serait un mauvais parti, à l'envisager selon les vues politiques, que de se séparer de l'Angleterre, après avoir tenu bon jusqu'ici; mais que le ministère hessois se trouvait dans la situation du monde la plus singulière et la plus critique. Le Landgrave depuis plus d'un an n'y était plus; qu'il avait totalement perdu la mémoire et ne pouvait prendre aucune part aux affaires; que c'était le baron de Hardenberg et lui qui avaient mené la barque jusqu'ici, et qui avaient tenu bon pour le système anglais. Que le pays qui le savait, et qui se trouvait sous l'oppression de l'ennemi, commençait à en murmurer et donnait à entendre que c'étaient les ministres tous les deux étrangers264-1 qui causaient la ruine de la Hesse, par leur opiniâtreté à ne pas vouloir rappeler les troupes et se prêter aux circonstances, de sorte qu'ils avaient à craindre non seulement les reproches des susdits états du pays, mais encore ceux du Prince héréditaire, qui pourrait bien les rendre responsables de leur conduite, lorsqu'il viendrait à succéder à son père, ce qui ne pourrait guère tarder d'arriver; que, par conséquent, ils seraient obligés de céder à la fin et d'en venir malgré eux et à une démarche qu'ils désapprouvaient euxmêmes, à moins que l'Angleterre ne voulût se prêter au renouvellement du traité de subsides et à la promesse d'un dédommagement à la paix,264-2 ce qui servirait à les justifier, ou que le Prince héréditaire ne témoignait être content de ce qu'ils avaient fait, et ne les autorisât en quelque manière à persister dans les mêmes principes,“ Ueber die Erneuerung des Subsidienvertrags und die hessischen Entschädigungsansprache hat Finckenstein sofort an Knyphausen und an den Prinzen Ferdinand von Braunschweig geschrieben und beide von dem Stande der Sache unterrichtet. | pour quelque accommodement séparé, en conséquence des propos que le général Donop vient de vous tenir. Tout ce que vous avez fait à ce sujet, a parfaitement mon approbation, et j'applaudis à ce que vous en avez écrit incessamment au baron Knyphausen et au prince Ferdinand de Brunswick. Vous pourrez continuer de même, et cela sans ma participation, et employer tous les moyens pour détourner un si fâcheux coup et pour entretenir ces gens dans la bonne voie. Je suis d'ailleurs content qu'on envoie cet officier du pays de Hesse auprès du prince héréditaire de Cassel que le général Donop connaît pour avoir la confiance du Prince, et par le moyen duquel il croit qu'on lui puisse, le cas existant, faire parvenir les insinuations nécessaires. Enfin, je vous charge de tout ce qu'il convient de faire sur cette affaire, et vous autorise même expressément de faire en ceci si bien que vous l'entendez, sans ma participation. Comme, d'ailleurs, j'avais oublié de vous marquer mon intention sur ce que le baron Knyphausen a mandé par son rapport du 8 de ce mois, dont je ne doute pas que le double ne vous soit déjà parvenu, touchant la confiance que le Roi lui a faite de l'ombrage que la cour de Brunswick lui a donné depuis quelque temps,264-3 et de ses soupçons sur quelques pourparlers ou négociation secrète de cette cour avec celle de France, je suis bien aise de vous dire encore que vous devez entrer en corre- |
„Quant au Prince héréditaire de Hesse-Cassel, le général Donop soumet aux lumières supérieures de Votre Majesté si Elle ne jugerait pas convenable de lui en parler avec quelque bonté, comme d'une chose qu'Elle souhaitait pour ses propres intérêts à venir, et qui Lui paraissait de sa dignité en qualité d'héritier présomptif; et il m'a dit que, le connaissant comme il faisait, il était persuadé que Votre Majesté en pourrait faire tout ce qu'Elle voudrait, puisqu'il savait qu'il La craignait, et qu'il serait sûrement très sensible à tout ce qui lui paraîtrait une marque de bonté et d'amitié de la part de Votre Majesté. Il croit aussi qu'on pourrait se servir avec succès du décret que le Conseil Aulique vient de publier contre lui, pour l'animer contre la cour de Vienne.“ Donop hat ferner den Wunsch geäussert, dass dem Prinzen ein gewisser Officier aus Hessen beigegeben werde, der mit ihm befreundet sei, und durch dessen Vermittlung man die nothwendigen Vorstellungen dem Prinzen zukommen lassen könne. | spondance là-dessus avec le duc régnant de Brunswick en mon nom, pour le rassurer contre toute faiblesse et lui ôter de l'esprit toutes les appréhensions qu'il a conçues. Aussi, conformément aux désirs du roi d'Angleterre, vous vous joindrez à ce qu'il a entrepris moyennant la mission du sieur de Behr, pour tâcher de conserver le Duc dans son attachement à la bonne cause, et ferez en mon nom toutes les démarches pour concourir au même but. Federic. |
Nach der Ausfertigung.
263-3 In einem gleichzeitigen Schreiben an den Minister Finckenstein meldet Eichel über die Verhältnisse in Sachsen: „Die guten Sachsen seind übel dran, zweierlei fremde Gäste, als Oesterreicher und Kreiser-Armee zu haben, die ihre Wirthe schlecht menagiren und wie vom Raube leben, unter dem Vorwand, die andern dörften sich sonst daran [satt] essen. Welches denn die guten Sachsen mit hungrigen Gesichtern ansehen müssen, und dieses ist alles, was sie von ihren Errettern haben.“ Ein Schreiben Eichel's an Finckenstein vom 24. September handelt über Auszahlung von Geldern und die Ueberweisung der englischen Subsidien an die Generalkriegskasse.
263-4 So.
264-1 Hardenberg stammte aus einer hannoverschen, Donop aus einer westphälischen Familie.
264-2 Vergl. Bd. XVI, 435.
264-3 Vergl. Nr. 10338.