10533. AUX MINISTRES D'ÉTAT ET DE CABINET COMTES DE PODEWILS ET DE FINCKENSTEIN A BERLIN.
Podewils und Finckenstein berichten, Berlin 7. November: „Le baron d'Ahlefeldt374-5 nous étant venu voir et ayant fait tomber la conversation sur le rétablissement de la paix, nous a rappelé à cette occasion le désir que sa cour avait témoigné plus d'une fois pour pouvoir y contribuer par ses bons offices,374-6 et, en ajoutant qu'elle était toujours dans les mêmes dispositions, il a demandé s'il n'y aurait donc pas moyen de pouvoir travailler à un ouvrage si salutaire. Je lui ai répondu, moi Podewils, que Votre Majesté n'avait jamais été éloignée de Se prêter à un accommodement juste et raisonnable, et je lui ai demandé, à mon tour, si la cour de Danemark était peut-être chargée de quelques propositions relatives à cet objet. Sur quoi, le ministre danois a répondu que c'était de la part des puissances belligérantes qu'on, en attendait, et que ce n'était qu'au moyen d'une ouverture confidente de la part de Votre Majesté que sa cour se trouverait en état d'interposer ses bons offices. Je lui ai dit sur cela que c'était une matière sur laquelle Votre Majesté ne pouvait pas S'expliquer, avant que de Se concerter avec Ses alliés, et nommément avec Sa Majesté Britannique. Sur quoi, le baron d'Ahlefeldt a répliqué que cela n'était que juste, mais qu'il serait à souhaiter qu'on se concertât, afin de pouvoir parvenir au but désiré.
Comme cette conversation nous parait relative à l'insinuation que le comte de Bothmar374-7 a été chargé de faire à Londres, et dont j'ai eu l'honneur, moi Finckenstein, d'informer Votre Majesté par ma très humble dépêche du 5 de ce mois, nous avons cru devoir également Lui en faire notre très humble rapport.
<375>Nous prenons la liberté de demander en même temps les ordres de Votre Majesté, pour savoir si Elle ne jugerait pas à propos de faire part de cet entretien à la cour d'Angleterre et de Se concerter avec cette cour sur les moyens de tirer parti de cette ouverture. Il nous semble qu'on ne risquerait rien de s'expliquer avec la cour de Danemark, pour savoir si elle a fait la même ouverture aux puissances du parti contraire, et de lui témoigner qu'en ce cas Votre Majesté, aussi bien que l'Angleterre, se croyaient assez sûres de l'amitié de Sa Majesté Danoise, pour voir avec plaisir et pour souhaiter même qu'une affaire pareille passât par ses mains. Peut être que par ce moyen on parviendrait à entamer une négociation de paix qui sera d'ailleurs une affaire de longue haleine, à cause des intérêts compliqués de tant de différentes puissances; et qui ne saurait, par conséquent, être commencée trop tôt, pour pouvoir la terminer, s'il y a moyen, avant le commencement d'une nouvelle campagne.“
Lœwenberg, 14 novembre 1758.
J'ai reçu votre rapport du 7 de ce mois, et j'ai été peu satisfait de son contenu. Mon intention est que, quand le ministre danois reviendra à vous faire des ouvertures dans le goût de celle que vous m'avez marquée, vous lui témoigniez simplement que mon absence vous empêchait de lui répondre, et que vous ne sauriez entrer en rien à mon insu.
Gardez-vous bien d'ailleurs de toutes chipoteries. Nous n'aurons pas la paix par le Danemark. Il faudra que la France commence à parler la première, et pour lors on négociera la paix.
Je vous prie en grâce de me laisser en repos avec des nouvelles aussi puériles et insupportables que vous m'écrivez, ou attendez - vous à ne plus recevoir de réponse.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.375-1
374-5 Der dänische Gesandte am Berliner Hofe.
374-6 Vergl. Bd. XV, 211—213; dazu aber 231 u. 234.
374-7 Der dänische Gesandte in London.
375-1 Podewils übersendet obige königliche Antwort am 16. November an Finckenstein und bemerkt dazu: „Voila une réponse bien dure et fort disgracieuse, dont notre zèle et nos bonnes intentions pour la paix sont payés, tandis que le sujet dont il s'agissait, paraissait assez mériter de l'attention. Il paraît aussi, par les autres incluses, qu'il faut qu'on ait été de fort mauvaise humeur. Cela décourage beaucoup et fait entrevoir une triste perspective.“