10563. AU LORD-MARÉCHAL D'ÉCOSSE.
Dresde, 23 novembre 1758.
Il ne nous reste, mon cher milord, qu'à mêler et confondre nos larmes sur nos pertes.398-1 Si ma tête contenait un réservoir de pleurs, il ne pourrait suffire à ma douleur. Notre campagne est finie, et il n'en est rien résulté de part et d'autre que la perte de bien d'honnêtes gens, le malheur de bien de pauvres soldats estropiés pour toujours, la ruine de quelques provinces, le ravage, le pillage et l'incendie de quelques villes florissantes. Voilà, mon cher milord, des exploits qui font frémir l'humanité, tristes effets de la méchanceté et de l'ambition de quelques hommes puissants qui immolent tout à leurs passions désordonnées! Je vous souhaite, mon cher milord, rien qui ait le moindre rapport à ma destinée, mais tout ce qui lui manque, c'est le seul moyen pour que vous soyez heureux; j'y prends part plus que personne en qualité de votre ancien ami, qualité que je conserverai jusqu'au tombeau.
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
398-1 Vergl. Nr. 10445.