<267> pour moi. Vous avez d'ailleurs si bien pris vos mesures pour vous retirer à temps, car c'est précisément le temps que les conjonctures l'exigent. Tous ces bruits de renforts pour l'armée de Saxe ont été forgés par les Autrichiens et leurs adhérents; selon toutes mes nouvelles, ce que l'on a fait passer de l'armée autrichienne vers Eger, ne consiste qu'en 8 bataillons et 2 régiments de cavalerie; un homme qui a été sur les lieux, prétend que tout au plus ce corps fait 9000 hommes.

Si vous détachez 10 bataillons et 20 escadrons de cuirassiers droit sur Torgau et de là vers Francfort, vous leur épargnerez du chemin, ils en arriveront d'autant plus vite; mais il faudrait y joindre 10 pièces de canons de 12 livres, parcequ'il n'y a plus de salut sans canons.

Je ferai écrire incessamment, pour qu'il soit fourni à ces troupes des vivres à Francfort. Ceci sera un coup de parti pour la campagne, parceque Daun, dans la supposition que ce sera mon armée qui détachera contre les Russes, n'attend que ce moment-là, pour agir contre moi. A présent que, par vos heureuses expéditions, l'affaire a pris une autre tournure, M. de Daun se trouvera très embarrassé et incertain de prendre un parti qui pourrait prendre une mauvaise tournure pour lui.

Je dois ajouter quelque chose encore à tout ceci, c'est que, dès que vous serez revenu en Saxe et aux environs de Dresde, il n'y aura rien de plus facile pour vous, que de répandre le bruit, comme si vous voulez chasser le général de Vela de Rumburg et de Schluckenau, pour rejeter les Autrichiens de Zittau et leur enlever le magasin de Niemes. Si vous soutenez ces bruits par quelques fausses démonstrations, vous rejetterez le général Vela sur la défensive, ce qui procurera toute la tranquillité à la ville de Berlin, et vous causerez de vives alarmes au maréchal Daun qui, vous ayant vu prendre tant de magasins, croira qu'il n'en pourra point faire à l'abri de vos entreprises; et lorsque vous reviendrez en Saxe, vous ne tarderez point d'apprendre de quelle force peuvent être ces camps où commandent ou le général Gemmingen ou Sincere, et de décider ensuite quelles mesures vous pouvez user contre cet ennemi-là.

Dès que les Russes et les Autrichiens commenceront à agir offensivement, il faudra de nécessité que cela vienne à une décision, soit ici soit en Poméranie, et alors, de quelque côté qu'on ait l'avantage, on pourra détacher à un autre qui se trouvera en besoin d'avoir un corps pour assistance.

Federic.

Nach dem Concept.


11006. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Reich-Hennersdorf, 30 mai 1759.

J'ai été bien aise de voir tout ce que vous m'avez appris par votre rapport du 26 de ce mois, et ne doute pas que vous n'ayez pris toutes