11710. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.
Freiberg, 25 décembre 1759.
J'ai reçu votre rapport du 15 de ce mois. D'autres avis que je reçois des différents lieux, s'accordent avec celui que vous me donnez, que, pourvu que la cour britannique tiendrait ferme et y insisterait, la France voudra bien faire sa paix séparée avec l'Angleterre à mon inclusion, de sorte qu'il y a de l'apparence que pendant cet hiver cette paix pourra bien se constater.
Dans le fait des États-Généraux touchant le passe-port que le comte d'Affry a demandé et obtenu pour le passage sur la Meuse d'une quantité d'artillerie et de munitions, il y a bien plus de timidité et de pusillanimité que de raison; car y a-t-il de l'apparence que, dans la situation accablante où la France se trouve, elle voudrait chercher querelle à la République, augmenter par là le nombre de ses ennemis et forcer la dernière de se jeter dans les bras de l'Angleterre?
Vous ferez passer, au reste, des bruits au public que vous tâcherez d'accréditer au mieux, que, quoique la campagne de l'année présente n'ait pas été tout-à-fait heureuse pour nous, que néanmoins nous avions pris tels arrangements qu'au défaut d'une bonne paix, nous pousserions la guerre avec toute la vigueur imaginable la campagne de l'année qui vient.
Employez tous vos soins pour m'informer souvent et avec exactitude de toutes les nouvelles de France721-3 que vous apprendrez, et de toutes celles que vous croirez d'ailleurs dignes de mon attention, et ne doutez pas de ma reconnaissance.
Federic.
P. S.
26 décembre 1759.
Je viens de recevoir votre rapport du 18 de ce mois. Je crois vous avoir déjà prévenu par mes lettres antérieures que M. de Kaunitz rechignerait au sujet du congrès proposé.721-4 C'est de tout temps que la cour de Vienne a fait la revêche, quand ses alliés n'ont plus voulu s'épuiser tout-à-fait en troupes et en fonds et se ruiner entièrement par amour d'elle, afin qu'elle saurait parvenir à son but depuis longtemps ambitionné, de donner la loi à ses alliés même.
<722>Grâce au Ciel, le revers que le corps de Finck a essuyé, n'a point eu de suites; je tiens resserrée l'armée de Daun en Saxe, tout comme auparavant, qui, malgré les avantages qu'un pur effet de hasard lui a fait avoir, et nonobstant qu'il s'est fortifié encore du corps de Beck, n'a gagné un pouce de terrain ici et se voit obligé de tirer presque toute sa subsistance de la Bohême. Mais comme nous vient d'arriver du secours de l'armée du prince Ferdinand de Brunswick, je me flatte que la face des affaires se changera bientôt ici, de sorte que Daun se verra obligé d'évacuer de gré ou de force la Saxe.
Continuez d'être bien attentif dans la crise présente sur tout ce qui se passe, et rendez-m'en de fidèles rapports.
Nach dem Concept.
721-3 Vergl. Nr. 11703.
721-4 Vergl. Nr. 11647 und auch 11668.