10770. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.
Breslau, 10 mars 1759.
Venant d'arriver que, sur des avis qu'on me donne de différents lieux de Pologne, que les Autrichiens, aussi bien que les Russes, avaient ordonné des achats assez considérables de grains aux environs de Cracovie, pour y assembler des magasins propres à fournir la subsistance à des troupes russes, quand un corps de ceux-ci105-4 devra joindre celles d'Autriche dans la Haut-Silésie, j'avais commandé là encore quelque détachement de hussards pour surprendre ces magasins et les faire détruire.105-5 Comme mes gens à leur arrivée là n'ont rien trouvé de magasins, et qu'ils ont appris qu'effectivement le dessein avait été d'y faire des achats en grains, mais que tout avait été contremandé, soit qu'il n'y avait pas une quantité suffisante, soit manque d'argent pour payer comptant, le détachement s'en est retourné en prenant sa route du côté de Bielitz, où le hasard lui a mis entre les mains un officier russien de Werden, capitaine et adjudant du maréchal Fermor, qu'on avait renvoyé de Vienne avec plusieurs dépêches d'assez d'importance. Autant<106> que j'en ai pu apprendre entre autres, on est bien désolé à la cour de Vienne de ce que la cour de France n'a pas voulu adopter le plan d'opération de la campagne qui vient, que la cour de Vienne avait projeté, ce que l'on qualifie de grand malheur, et l'on s'est adressé ensuite à la cour de Pétersbourg, pour en tirer des secours forts et efficaces contre moi, en défaut de la France, qui a pris ce plan d'opération comme pas bien faisable et a vaguement déclaré qu'elle agirait avec toutes les forces qui lui seraient possibles, selon que les circonstances lui en donneraient lieu. On a dépêché à ce sujet de Vienne le général-major Tillier à Pétersbourg, dont on attend le retour avec beaucoup d'impatience. Voilà ce que j'ai appris principalement par ces dépêches enlevées, dont je n'ai pas voulu manquer de faire d'abord part à Votre Altesse.106-1
Au surplus, l'expédition du général-major de Wobersnow, que j'avais détaché en Pologne du côté de Posen, pour y détruire également les magasins assemblés des Russes, a eu plus de succès, parcequ'outre un magasin assez considérable de farines qu'il a trouvé à Posen, et qu'il a entièrement ruiné, il a trouvé moyen de détruire encore au delà de 15000 boisseaux de farine, outre 500 boisseaux de froment, mesure de Pologne dont un boisseau fait trois et demi de Berlin, avec beaucoup de fourrages et de vivres, dont les Russes avaient fait des entrepôts en Pologne sur la route de la Nouvelle-Marche. La consternation et l'alarme a été d'ailleurs extrême parmi les troupes de Russie, qui, sans se montrer, ont laissé agir tranquillement ledit général, et le coup aurait pu mener à des choses plus importantes, s'il avait pu pousser plus en avant et ne s'était vu obligé de retourner, faute de fourrages, et [pour] ne pas s'écarter trop loin de mes quartiers, où les Autrichiens commencent à remuer dans le voisinage.
Federic.
Nach dem Concept.
105-4 So.
105-5 Unter dem Major von Pannwitz, vergl. S. 81. Dem Generalmajor von Werner spricht der König am 9. März seine Zufriedenheit mit der „Conduite“ des Majors von Pannwitz aus.
106-1 Die gleichen Nachrichten — nur mehrfach in kürzerer Fassung — werden am 9. März dem Prinzen Heinrich mitgetheilt. Auch dem englischen Gesandten Mitchell machte der König aus den aufgefangenen Briefen Mittheilungen und sprach die Hoffnung aus, dass durch die Differenzen über den Feldzugsplan die Operationen der Oesterreicher und Franzosen für einige Zeit aufgehalten werden würden. [Bericht an Holdernesse, Breslau 11. März, private. British Museum.]