10776. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
[Breslau,] 13 mars 1759.
Mon cher Frère. Votre expédition a été meilleure qu'on n'a osé s'en flatter,109-4 et quoique ce ne soit pas de ces coups décisifs qui renversent les puissances, cela nous procure toujours de l'honneur, des prisonniers et de l'argent. Vous me mandez que les ennemis veulent faire des ponts à Leitmeritz, et d'O me marque109-5 que la plupart des troupes qui se trouvaient vers Kœniggratz, sont marchées vers Bunzlau et vers Gabel. Ceci mérite attention. L'ennemi a ses magasins préparés derrière lui; dès que la saison s'adoucira un peu, il peut reprendre ses camps de Stolpen et de Pirna, ce qui vous oblige de prendre celui de Gamig, et moi de marcher du côté de la Lusace. Songez donc bien à avoir un gros magasin à Dresde, car tout ce que vous pourrez avoir<110> à appréhender du côté de la Thuringe, ne consistera que dans un détachement de 10 ou 12 régiments autrichiens joints aux troupes de l'Empire. Si nos ennemis veulent agir de concert, ils ne peuvent commencer leurs opérations qu'à la mi-juin; mais c'est sur quoi il ne faut pas compter, et afin de ne point manquer par ma vigilance, je ferai cantonner les troupes entre Reichenberg, Schweidnitz et Jauer le 24 de ce mois, à moins que de pressantes raisons ne m'obligent de hâter leur assemblée.
Wrede n'est point encore de retour ici; je vous prie de me l'envoyer, car, selon toutes les apparences, j'aurai besoin de ses cartes au commencement de la campagne.
Si cela se peut, il faut nous arranger de façon à pouvoir frapper d'un côté, pour ensuite nous retourner en force de l'autre. Les Russes veulent assiéger Colberg; ainsi, bien loin de compter sur Dohna, quand il en sera temps, je serai obligé de lui envoyer encore de puissants renforts. Fouqué aura la garde de la Silésie; et le principal de tout sera de pouvoir décider d'un côté, avant que de pouvoir se tourner de l'autre. Il y a encore une chose à observer : c'est que, par la position que je prends à Schweidnitz, si les ennemis veulent avancer trop inconsidérément vers Zittau ou Stolpen, je pourrais leur prendre le magasin de Jung-Bunzlau et leur venir à dos.
Je vous envoie quelques nouvelles qui se confirment les unes les autres,110-1 et une lettre qui peut-être vous amusera.110-2 Je suis avec bien de la tendresse, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
M. Rougé a été chargé de la part de la France pour régler le cartel à quoi l'on travaille actuellement,110-3 ce que vous aurez la bonté de faire savoir à M. de Mailly.110-4
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
109-4 Der General von Knobloch war von Prinz Heinrich nach Thüringen entsandt worden. Am 27. Februar hatte Erfurt capitulirt, dann waren Streifschaaren nach Arnstadt, Ilmenau, Saalfeld und Fulda gegangen, hatten zahlreiche Gefangene gemacht und Contributionen eingetrieben. Vergl. auch Nr. 10778.
109-5 Glatz 8. März.
110-1 Liegen nicht bei; vermuthlich sind es die (in die Akten nicht eingeordneten) Nachrichten vom 7. und 10. März über Bewegungen der Oeslerreicher in Böhmen.
110-2 Wohl die „Lettre de la Marquise de Pompadour“ . Vergl. Nr. 10775.
110-3 Vergl. S. 92.
110-4 Prinz Heinrich hatte, Dresden 10. März, ein an ihn gerichtetes, in der Abschrift nicht datirtes Schreiben des Grafen Mailly (vergl. S. 18; Bd. XVI, 422. 429) übersandt. Mailly hatte gemeldet, dass dem Könige von Frankreich die Herstellung eines Kartells mit Preussen zur Auswechslung der Gefangenen am Herzen liege; der Graf hatte sich erboten, die Unterhandlung über das Kartell zu führen.