10835. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.
Bolkenhain, 3 [avril 1759].
Il me vient une idée dans la tête que je vous communique, mon cher, telle qu'elle est née dans mon cerveau, pour voir s'il y aura moyen de l'exécuter.
La voici. Vous voyez le nombre d'ennemis que j'ai, et les forces qu'ils rassemblent; ils diffèrent encore de m'attaquer, peut-être à cause que la saison n'est pas assez avancée. Cela me donne envie, si cela est possible, de déranger leurs projets, soit d'un côté soit d'un autre.
Je ne puis rien opérer ici, je peux chasser des troupes jusqu'à une certaine distance, mais non pas détruire des magasins. Cela m'a<148> donné l'idée d'agir en Haute-Silésie, de leur ruiner les magasins de Troppau et de Hof, si cela est possible. Je vous prie de m'en dire votre avis. Vous avez 15 bataillons, j'en pourrai encore joindre 7 et 5 régiments de cavalerie. Mandez-moi ce que vous en pensez, car je ne suis pas instruit du détail des Autrichiens de votre côté. Si cela pouvait se faire, nous gagnerions deux mois ou trois mois de repos de ce côté-là, ce qui serait un grand article; et nous vengerions certains affronts148-1 qui me pèsent encore sur le cœur. Votre réponse déterminera mon parti, et cela pourra se faire bien vite.
Adieu, mon cher ami, je vous embrasse.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Kaiserl. Königl. Kriegsarchiv zu Wien. Eigenhändig.
148-1 Vergl. S. 135.