10949. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Landshut, 16 [mai] 1759.
Mon cher Frère. Je ne saurais qu'applaudir à vos succès227-2 qui sont une suite de votre prévoyance et des fautes que l'ennemi a faites. Vous voyez, mon cher frère, qu'avec de bonnes dispositions on surmonte bien des difficultés, et que peu d'entreprises sont impossibles dans le monde : veuille le Ciel couronner la fin de vos opérations, pour qu'elles répondent à ces beaux commencements! Autant que j'en peux juger dans l'éloignement où je suis, vous n'aurez point de bataille. Pourvu que vous ayez les magasins, peu importe que ces gueux tiennent ou s'enfuient; vous aurez toujours la gloire d'avoir jeté les fondements solides pour les succès de notre campagne. L'Europe apprendra à vous connaître, non seulement comme un prince aimable, mais encore comme un homme qui sait conduire la guerre, et qui doit se faire respecter. C'est ce qui, malgré mes autres chagrins, ne laisse pas de me faire un sensible plaisir, ce qui était fort à désirer pour l'avantage de l'État, surtout pour celui des pauvres orphelins qui me sont confiés.227-3<228> Continuez, mon cher frère, comme vous avez commencé; vous ne pourrez pas accroître, à la vérité, l'estime et l'amitié que j'ai pour vous; cependant, si je n'étais qu'un simple citoyen, je voudrais vous témoigner ma reconnaissance des bons et éclatants services que vous rendez à la patrie.
Je suis avec tous les sentiments du plus sincère attachement, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
227-2 Vergl. Nr. 10957.
227-3 Die Söhne des Prinzen von aussen, Prinz Friedrich Wilhelm und Prinz Heinrich; vergl. Bd. XVII, 80. 128. 452. 453.