11024. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Reich-Hennersdorf, 2 juin [1759].

Les nouvelles que les Russes en veulent à Glogau, se confirment par les arrangements qu'ils prennent pour les magasins. Les Autrichiens ont détaché un corps vers Marklissa, qui n'est que pour intercepter toute communication entre vous, entre Dohna et moi. Vous devez vous<278> attendre à des difficultés qu'il y aura en peu de temps pour l'écrire; c'est pourquoi qu'il est encore nécessaire de vous écrire à peu près ce qui peut arriver.

Primo. L'entreprise de Daun de vouloir pénétrer entre Hirschberg et Glatz dans la Basse-Silésie, me paraît, à vous dire le vrai, absolument impossible. C'est donc pourquoi il voudra faire approcher les Russes, pour voir si je ne m'affaiblirai point et s'il ne pourra pas tenter quelque chose contre moi; mais dès qu'il verra que je ne me meus pas, il sera obligé ou de marcher vers la Haute-Silésie ou de marcher dans la Lusace. Je ne vois jusqu'ici aucune apparence qu'il aille dans la Haute-Silésie; il a fait préparer des chemins vers Bunzlau. Lacy est allé avant-hier en grande hâte à Marklissa, sans que je puisse dire encore positivement ce qu'il y a fait; mais comme c'est le général-quartiermaître de l'armée, il est à supposer qu'il a été reconnaître quelque position ou quelque terrain, pour camper l'armée, et il est sûr que, si les Russes veulent marcher du côté de Glogau, il y a apparence qu'il pourra marcher sur Greifenberg ou sur Lœwenberg. Dans ce cas-là, il sera obligé de laisser un corps en force vers Zittau et Lœbau et qu'il poussera peut-être à Bautzen, pour couvrir son magasin contre vos entreprises, et alors je crois que ce serait votre jeu de lui faire toutes les chicanes possibles pour l'inquiéter dans sa position; pour moi, je serai obligé de voir venir l'ennemi et de m'opposer du côté et du lieu où l'ennemi paraît le plus dangereux, et où il mettra ses plus grandes forces.

Le corps de Dohna va prendre le camp de Landsberg, vos renforts le joindront à Francfort, et si le général Fermor avance vers Glogau, ce corps se portera sur Posen, pour lui donner de la jalousie sur ses magasins et sur sa communication avec la Pologne.

Les Autrichiens sont pourtant ni plus ni moins obligés d'entreprendre quelque chose, et dès que je verrai qu'il y aura moyen de décider les choses, je me porterai en force de ce côté-là.

Peut-être que les choses prendront une autre tournure, toute différente que je vous le dis ici, mais j'ai cru devoir vous mettre au fait de tout ce qui à peu près pourrait se passer ici, afin que dans ce temps où notre correspondance pourrait être interrompue, vous puissiez avoir à peu près une idée de ce qu'il y aura à faire ici.

Ce ne sera pas la dernière lettre que vous recevrez de moi; le pot est au feu, il commence à bouillir, et avant que tout ne soit cuit, il y aura bien des fermentations; j'apprends dans ce moment la belle action que Schenckendorff vient de faire à Zwickau;278-1 je vous prie de lui en faire mes compliments.

Federic.

Das Hauptschreiben nach dem Concept; der Zusatz eigenhändig auf der im übrigen chiffrirten Ausfertigung.

<279>

278-1 Vergl. den Bericht des Prinzen Heinrich, Hof 30. Mai, bei Schöning a. a. O. S. 70. 71. Vergl. auch Nr. 11026.