11036. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.
Reich-Hennersdorf, 3 juin 1759.
Mon cher Frère. Je vous félicite et de votre entrée et de votre sortie de l'Empire. La fortune a favorisé partout vos bonnes dispositions, vous retournez en Saxe couvert de gloire; c'est un beau prélude, je souhaite que la pièce y réponde.
Ne vous impatientez pas de toutes les lettres que vous recevrez de moi; je vous écris tout ce qui est vraisemblable ou qui m'est confirmé de beaucoup d'endroits, mais vous saviez285-7 bien que dans une crise comme celle où je me trouve les nouvelles ne sont pas toujours certaines, qu'au contraire il y a bien des contradictions dans les rapports<286> que l'on reçoit. Quand on est sur les lieux, on rectifie bientôt les choses, mais lorsque l'on écrit, on ne peut marquer que ce qui parvient à sa connaissance, et faire son raisonnement là-dessus.
Mandez-moi, je vous prie, qui a pris ces deux canons à votre arrière-garde de Hof;286-1 cela ressemble à Kleist comme deux gouttes d'eau, cela est bien brillant et bien beau.286-2 . . . Pour moi ... je m'occupe de projets et de la besogne que l'ennemi me donne, et je vous jure que je n'ai pas un moment de repos. Ce sont cent nouvelles contradictoires qu'il faut déchiffrer, et très souvent la moitié en est imaginée; enfin, patience, ceci se débrouillera en peu dè jours, et vous n'avez pas lieu d'être inquiet pour nous, ainsi attendez l'événement sans impatience.
Adieu, cher frère, je vous embrasse de tout mon cœur, étant avec une parfaite tendresse et considération, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.
285-7 So.
286-1 Prinz Heinrich hatte am 30. Mai morgens seine Nachhut umkehren und die nachfolgenden Husaren und Panduren, die sich nichts versahen, angreifen lassen; es wurden ihnen an 100 Gefangene und 2 Kanonen abgenommen.
286-2 Prinz Heinrich antwortet am 8. Juni aus Chemnitz, die beiden Kanonen seien durch den Rittmeister Wallis vom Regiment Kleist (grüne Husaren) genommen worden, an dem Erfolge habe Kleist den meisten Antheil zusammen mit dem Oberstlieutenant von Wunsch, „dont je ne puis pas assez louer la valeur, le génie et la capacité“ .